L'opérateur historique de télécommunications, Algérie Télécom (AT), a procédé à la suspension de 10 000 lignes d'abonnés dont les dossiers étaient « erronés », a révélé, hier, Ahmed Kehili, directeur du marketing et du contrôle de la qualité au niveau de cette entreprise. Ce responsable, qui s'exprimait en marge d'un séminaire sur le système d'information organisé par AT au niveau de son siège, a précisé qu'il s'agit d'arnaqueurs qui ont présenté des dossiers avec de fausses pièces d'identité. « Ce sont surtout des étrangers, des Palestiniens et des Libanais », a-t-il indiqué. Et d'enchaîner avec un énigmatique : « Suivez mon regard. » Ces affaires ont été portées à la justice, a-t-il confié. « Nous appelons cela le triangle des Bermudes », a-t-il dit encore. Il a toutefois souligné que « les clients d'AT qui ne peuvent vraiment pas payer » ne sont pas concernés par cette situation. Nous leur proposons un échéancier. D'ailleurs, il n'y a plus de coupure maintenant », notera-t-il. M. Kehili a fait état d'un autre cas de fraude lié aux tarifs pratiqués par les kiosques multiservice (KMS). Selon lui, 980 KMS ont été fermés car « ils vendaient les cartes des concurrents ou affichaient un prix qui n'est pas officiel, fixé à 2,50 DA », a-t-il relevé. Les clients de ces établissements commerciaux ont également été arnaqués sur les tarifs des pages de fax, notamment vers la France, a-t-il averti. « Cette page en principe coûte 20 à 25 DA avec la marge bénéficiaire, or eux (les KMS), ils la facturent à 250 DA », a soutenu ce responsable. Il est à noter qu'il y a 48500 KMS à travers le territoire national. M. Kehili a fait savoir que la décision d'AT de fermer ces KMS est intervenue après qu'une association de KMS eut saisi AT sur la question de la vente de produits tels que les cartes de recharge. « Il y a une association de KMS qui nous a saisis pour nous demander d'interdire la vente des cartes car il s'agit pour eux de la concurrence déloyale parce que les gens vont utiliser le mobile et c'est de l'argent en moins pour eux. Nous sommes obligés de réagir mais sans perdre de vue qu'il y a 140 000 personnes qui vivent du réseau KMS », a déclaré à ce propos M. Kehili. Celui-ci considère, par ailleurs, que l'arrivée d'un deuxième opérateur de téléphonie fixe, Lacom en l'occurrence, dont le lancement officiel a été effectué mercredi dernier est « un non-événement ». Pour lui, l'entrée en scène de ce concurrent ne menacera pas la place de leader d'AT dans le marché de la téléphonie fixe. « Nous pensions réagir, mais nous n'avons plus besoin de le faire car nous sommes mieux-disant sur toute la gamme. Notre offre est à 3000 DA et la leur est à 5800. Y'a pas photo. Notre concurrent impose à ses abonnés un forfait, ce qui n'est pas notre cas. On ne peut pas obliger un client à payer 2400 DA qu'il n'a pas communiqué et quand vous dépassez ce forfait, vous devez payer la minute à 3,50 DA », a-t-il argumenté. D'après lui, AT possède plusieurs avantages par rapport à Lacom. « Pour le WLL, sur un téléphone classique, il est gratuit alors que nos concurrents le facturent à 3 DA la minute. Pourtant, ce n'est même pas du haut débit », a-t-il avancé. AT peut offrir les mêmes services que Lacom, voire mieux, a-t-il assuré. « Nous allons lancer d'ici une semaine le haut débit radio WLL et on les attend sur ce terrain-là. La vidéo c'est un gros mensonge, car, comme on l'a dit il y a trois mois, on ne peut pas faire de la vidéo ou de la télévision câblée alors que les lois de la République ne le permettent pas. On peut le faire dès demain pour donner accès à toutes les chaînes européennes, mais si on l'a pas fait jusque-là, c'est parce que la loi l'interdit », a-t-il souligné encore. Il a signalé, en outre, que pour le WLL, AT a trouvé une formule pour la question des dettes des abonnés sur le terminal. « Ils vont pouvoir payer, mais ce qu'il payent on va le leur donner sous forme de consommation gratuite », a-t-il expliqué. Algérie Télécom a augmenté de 35% son chiffre d'affaires en 2005. Il est de 122 milliards de dinars. Elle se place en troisième position des entreprises en Algérie après Sonatrach et Naftal.