Les islamistes algériens du Mouvement de la société pour la paix (MSP), d'obédience Frères musulmans et longtemps affilié au pouvoir, sont désormais court-circuités. En obtenant 48 sièges, les islamistes de l'Alliance de l'Algérie verte ont tout de suite crié à la fraude. Quelques minutes après l'annonce des résultats par le ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, vendredi dernier à Alger, Bouguerra Soltani affirme que «les chiffres sont inacceptables». Plus virulent et allant directement à l'essentiel, le vice-président du MSP, Abdderrezak Mokri, déclare que «le pouvoir a tout fait pour offrir la victoire au FLN et au RND». Bouguerra Soltani paraît désormais sur un siège éjectable. Lui qui n'a pas pu mener l'Alliance verte vers une victoire certaine, comme il le prédisait. «Notre ambition était la première ou, à la rigueur, la seconde place», révèle Kamel Mida, directeur de communication de l'Alliance verte. Ennahda et El Islah ont beaucoup compté sur le poids et les relations du MSP, ce qui explique leur ralliement au parti du défunt Mahfoud Nahnah. Se ranger du côté de l'ex-Hamas représentait pour eux une chance d'accéder à l'Assemblée. Les formations de Fateh Rebaï et de Hamlaoui Akouchi, fondées par Abdallah Djaballah, actuel président du Front de la justice et du développement (FJD), disposaient au cours de la législature 2007-2012 d'un ensemble de 8 sièges. Si Mokri dénonce outrageusement la fraude, Bouguerra émet un discours plus conciliant envers le régime qu'il a soutenu depuis 2003. Il essaye en parallèle de rassurer les militants des trois formations islamistes. «Nous avons su créer une force politique», a-t-il lancé vendredi dernier lors d'une conférence de presse. Il faut rappeler que la fronde au sein du MSP avait commencé en 2008, lorsque Abdelmajid Menasra avait mené un mouvement de redressement, qui a fini par échouer. Ce dernier a tout de même obtenu l'agrément pour son parti, le Front du changement (FC) en février 2012. Kamel Mida, qui a été élu député dans la wilaya d'Alger, affirme que «la coalition ne regrette pas d'avoir pris part aux élections». «Nous avions une grande confiance en ce scrutin. Le président de la République avait promis la transparence. Mais la fraude a encore une fois été au rendez-vous», dénonce-t-il. Mida écarte sur un autre point «tout éclatement de l'Alliance verte». «Le madjliss echoura (conseil national) est prévu pour samedi prochain», a-t-il affirmé.