Avec un parc automobile estimé à 800 000 véhicules, la wilaya d'Alger est, selon certains observateurs, à bord de l'asphyxie. Le même écho retentit du côté des conducteurs. Sillonner les voies de la capitale, attestent-ils, ne relève guère d'une sinécure. Au contraire, cela évoque bel et bien un véritable parcours du combattant. Les chiffres aussi sont éloquents. Selon la direction des travaux publics (DTP), le réseau routier de la wilaya d'Alger est constitué de 163 km de voies express et tronçons autoroutiers, de 280 km de routes nationales (intra-muros et extra-muros), de 249 km de chemins de wilaya et de 2300 km de voies urbaines et chemins communaux. Toutefois, la pression exercée sur le réseau routier révèle que celui-ci est surutilisé. Ainsi, les mêmes sources révèlent que 118 000 véhicules circulent quotidiennement entre Dar El Beïda et Chéraga, alors que la capacité est fixée à 20 000 véhicules par jour. Pour le côté ouest, le trafic atteint parfois 80 000 véhicules/jour. Il en est de même pour le réseau routier côté sud d'Alger. A comparer le réseau routier avec ses capacités effectives, l'on s'aperçoit que l'ère du bricolage est révolue. Le constat effarant a sans doute incité les parties concernées à entreprendre une action de grande envergure. Le ministère des Travaux publics a entamé depuis 2002 un programme de projets d'aménagements urbains (trémies, nouvelles voies, élargissements de voies), afin de faciliter les liaisons entre les différentes localités. Pour sa part, le ministère des Transports a opté pour une stratégie susceptible de désengorger les artères de la capitale. La démarche vient d'être étalée par M. Salhi, haut cadre du ministère des Transports. Selon ce responsable, elle consiste à réhabiliter le transport en commun. L'approche « multimodale », une approche impliquant plusieurs moyens de transport suivant une parfaite intégration, est donc la solution adoptée par le ministère de tutelle. Il s'agit, en effet, d'une stratégie qui s'articule autour des nouveaux axes de transport. Le même intervenant a précisé que les quatre téléphériques que compte la capitale vont être rénovés. Des prototypes de « tribus », des bus à double articulation d'une capacité de 250 passagers, desserviront également les artères de la ville. « Pour ce moyen qui fera son apparition pour la première fois, on a prévu la réalisation de voies réservées aux bus (VRB) », a-t-il indiqué. Pour l'autre mode déjà existant, à savoir le transport ferroviaire, il a été prévu une électrification des voies pour une meilleure rentabilité et à des fins purement écologiques. Rappelons que la SNTF exploite, sur la banlieue algéroise, un réseau de 50 km de voie ferrée. Entre Alger et El Harrach, elle exploite 12 km en triple voie et 20 km entre Alger et Birtouta. Toujours dans le cadre de la modernisation des transports urbains, le projet du tramway est également adopté. Ce moyen consiste à relier, dans une première étape, Alger-Centre à Bordj El Kiffan. Le tracé s'étend, doit-on mentionner, sur une distance de 16,3 km et passe par Kouba, Hussein Dey, El Maqaria, El Harrach, Mohamadia, Bab Ezzouar pour atteindre enfin Bordj El Kiffan. Bien que le choix ait été fait, la réalisation du tramway dans une ville à forte concentration urbaine n'est pas chose aisée. L'expropriation pour cause d'utilité publique est une des tâches les plus ardues. Néanmoins, une commission composée de trois ingénieurs a déjà effectué les démarches nécessaires avant le lancement des premières opérations. La ville d'Alger va renouer avec ce moyen de transport qui devrait assurer le déplacement pour 150 000 passagers par jour. Il est évident que de nouveaux comportements feront leur apparition dans un avenir proche. « La ville d'Alger sera dotée de bus modernes auxquels on réservera des corridors. Elle sera également équipée de tramways. Cette stratégie dépend d'une organisation à laquelle nous réfléchissons et préparons », a déclaré M. Salhi. Concernant le métro d'Alger, qui est dans sa phase finale et qui sera opérationnel en 2008, sa capacité est estimée à 110 000 passagers par heure.