L'appel à la grève lancé par le syndicat autonome CNES (Conseil national des enseignants du supérieur) est largement suivi par les enseignants du supérieur. Hier, deuxième jour du débrayage, la grande partie des universités était paralysée et le taux de suivi de la grève, selon les animateurs du mouvement, a dépassé les 90%. Le mouvement de grève s'est étendu à d'autres universités et instituts où il n'existe pas une section du CNES, à l'instar de l'Ecole nationale des travaux publics et le centre universitaire de Khemis Miliana. « Le malaise est général. Ce mouvement de protestation est le résultat du refus de la tutelle de prendre en charge les revendications socioprofessionnelles des enseignants et de l'attitude des pouvoirs publics qui persistent à ignorer le partenaire social CNES représentant légitime des enseignants du supérieur », a expliqué Farid Cherbal, coordonnateur national adjoint chargé de la région centre. Celui-ci est persuadé que la mobilisation des enseignants du supérieur est due essentiellement au fait que le ministre de tutelle a décidé de traîner en justice les représentants du CNES, qui ont pourtant suivi toutes les procédures énoncées dans les textes de loi relatifs à la grève. « Nous avons respecté la loi et dans ce cas le ministre de l'Enseignement supérieur aurait dû nous inviter à s'asseoir autour d'une table de négociations comme le stipule la loi. Mais au lieu de cela, il nous poursuit en justice. Ce n'est pas normal. Nous n'avons commis aucun crime, nous exigeons juste nos droits », a soutenu M. Cherbal qui estime que du point de vue de la législation et en se référant à la loi 90-02 portant sur le droit de grève, la tutelle est dans l'obligation d'ouvrir les négociations avant et après le débrayage. Toutefois, aujourd'hui, de l'avis de notre interlocuteur, la grève s'est installée avec sérénité et détermination en dépit des actions de répressions initiées par le ministère de l'Enseignement supérieur. « Nous savons qu'actuellement le ministère ne se mettra pas dans une posture de négociation, mais plutôt dans celle de la répression et de l'intimidation. Hier, les responsables du syndicat des maîtres assistants ont été convoqués par la justice suite à une plainte déposée par le ministère de l'Enseignement supérieur et celui de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière », dira M. Cherbal qui rappellera que le syndicat des maîtres assistants a appelé à une journée de protestation pour aujourd'hui. Les représentants du CNES sont convaincus que le gouvernement est en train de rééditer le scénario mis en place en 2004 portant sur le recours systématique à la justice pour réprimer les mouvement de contestation. Par ailleurs, rappelons que les enseignants du supérieur revendiquent, entre autres, une revalorisation des salaires, la promulgation du statut de l'enseignant-chercheur, l'octroi de quotas de logements et le règlement du problème relatif au logement conventionnel ainsi que le problème spécifique au relogement en urgence des enseignants touchés par le séisme au niveau de Boumerdès. Les enseignants demandent également la démocratisation de la gestion de l'université en procédant à l'élection des doyens et des présidents d'université et enfin la défense des libertés syndicales et le droit de grève. En outre, l'ensemble des enseignants qui se sont réunis en assemblées générales dans les différentes universités ont proposé un débat sur la politique des salaires et le droit de grève. Ces sujets seront débattus longuement durant cette semaine. A signaler qu'après avoir reçu l'appui de nombreuses formations politiques, les enseignants du supérieur ont bénéficié hier du soutien du CCDR. Ce comité considère leurs revendications comme étant « légitimes ». Le CCDR estime, par ailleurs, que les travailleurs doivent rester mobilisés pour défendre leur droit à une vie décente.