A 70 ans, Mohamed Bahaz de Diwane Gnawa de Blida garde la fraîcheur de la jeunesse. Béchar De notre envoyé spécial Samedi soir, sur la scène du stade En Nasr de Béchar, pour la deuxième soirée du 6e Festival de musique Diwane, Mohamed Bahaz et sa troupe s'en sont donné à cœur joie pour interpréter des bradj du patrimoine gnawa. Mohamed est venu avec ses enfants : Rachid, Yazid, Djamila et Samia. Munis de tambours et de karkabous, le groupe a installé une ambiance colorée en interprétant des chants connus du Diwane : Rabi Moulay, Sidna Bilal, Sayad Ali, Laafou ya moulana. «J'interprète des rythmes qui ne m'appartiennent pas. Les chants sont ceux du patrimoine. Des jeunes sont avec moi, je suis là pour les aider. Je suis vieux maintenant. Il faut que les jeunes aient plus de courage. Les textes chantés doivent être expliqués pour être mieux compris», nous a déclaré Mohamed Bahaz. Cela fait soixante-trois ans que Mohamed Bahaz est plongé dans l'univers gnawa. «J'ai fait de la percussion gnawi dans le film La Bataille d'Alger. J'ai même participé à l'enseignement de la danse Baba Salem à l'Institut d'arts dramatiques de Bordj El Kiffan avec un chorégraphe bulgare», a-t-il dit. Les jeunes du groupe algérois Afica Chmal se sont joints à la troupe de Bahaz pour assurer un spectacle complet. Islam Hakoumi au chant et au gumbri n'a dit que du bien du maâlem Bahaz. Autant que Mahdi Lekhal et Omar Benacer, les autres membres d'Africa Chmal. «Ammi Mohamed déborde d'énergie et croit en son art. Cela nous encourage à continuer», a confié Mahdi. «Le message est bien passé sur scène avec Maâlem Bahaz. Nous souhaitons faire d'autres spectacles avec lui», a déclaré Islam Hakoumi. A la fin du spectacle, à minuit passé, Islam a insisté pour interpréter aux journalistes du Jimmy Hendrix au gumbri. «J'ai acheté ce gumbri il y a quatre ans. J'ai appris seul à la maison. J'ai appris les accords, le diapason, note après note. J'écoute le diwane depuis mon plus jeune âge. Ce n'est pas un phénomène de mode pour moi», a-t-il souligné. Africa Chmal, qui fait dans la fusion chaâbi, diwane, blues, n'existe que depuis d'une année. Il a fait quelques scènes mais n'a toujours produit d'album. Avant la troupe joyeuse de Mohamed Bahaz, Diwane Bahdja, qui participe également au concours du festival de Béchar, a occupé la scène avec un chant du patrimoine gnawi marocain et algérien. «Nous avons choisi des morceaux de la même couleur et tenté de réunir les deux patrimoines. Nous sommes restés attachés à la tradition. Il faut d'abord avoir de la maîtrise pour rénover. La maîtrise de tout, danse, gumbri et karkabou», nous a expliqué Nassim Chetouhi, leader du groupe. Diwane Bahdja existe depuis 2009, année de sa première participation au festival de Béchar. «Nous avons essayé de bien travailler pour être parmi les lauréats. Nous ne sommes pas issus de familles de tradition diwane. Donc, nous essayons d'apporter notre touche», a encore relevé Nassim Chetouhi.