Après une ouverture fracassante et mémorable offerte par la légendaire formation marocaine Lemchaheb, la compétition officielle de la 6e édition du Festival national de musique diwane s'est ouverte, lundi soir dernier, sur la scène du stade Ennasr de Béchar. Avec six troupes inscrites en compétition nationale, ce sont les formations Diwane El Bahdja d'Alger et Diwane Gnawa de Blida qui ont ouvert le bal. Face à un public venu moins nombreux que pour la soirée d'ouverture et avec une meilleure organisation qui a assimilé les leçons du concert inaugural, les sept jeunes artistes de Diwane El Bahdja rejoignent la scène tout de rouge vêtus. Au menu, gumbri et percussions pour des reprises de quelques bordjs du diwane. Apparemment pas très à l'aise sur scène, les membres de cette formation, malgré toute la bonne volonté qu'ils mettront, laisseront transparaître un manque de maîtrise en matière d'interprétation d'un authentique diwane. Les membres de la troupe, mise à part le joueur de gumbri qui était à l'aise avec son instrument, donnaient l'impression d'avoir suivi la tendance sans connaître réellement le diwane. Cependant, Diwane El Bahdja réussira à faire bouger le public sur le son des karkabous. On notera toutefois une fausse note dans la tenue vestimentaire des jeunes de la formation, à savoir le port d'un turban jaune sur la tête, un habit pas très conforme avec le mode vestimentaire des gnawas qu'ils tentaient d'imiter.Après une mise en bouche assez indigeste, c'était au tour de maâlem Mohamed Behaz et sa troupe, qui compte quatre de ses enfants, de prendre place sur la scène. Frappant sur son tambour, le maâlem Behaz, célèbre gnawi de la ville de Blida, monte sur scène aidé par l'un des musiciens. Visiblement affaiblie par l'âge, 30 ans au service du diwane, Behaz continue de perpétuer cet art en le transmettant à la nouvelle génération qu'il parraine. D'ailleurs sur scène, il n'est accompagné que par des jeunes dont ses propres enfants. Accompagné de percussion, le maâlem et ses disciples tentent de reproduire sur scène le rite d'el aâda pour entamer par la suite quelques bordjs. Hélas, les musiciens n'étaient pas en parfait accord. Une désharmonie s'est vite fait sentir. On apprendra par la suite que deux musiciens ont rejoint tout récemment la formation, et ils n'ont pas eu le temps de répéter avec les anciens membres, ce qui a fait de ce passage une véritable improvisation live.On relèvera que beaucoup de présents, surtout les adeptes du diwane, se sont étonnés de revoir maâlem Behaz, malgré son parcours artistique reconnu à l'échelle nationale et son âge avancé, revenir une seconde fois au festival en tant qu'artiste en compétition alors que sa place aurait été en toute logique parmi le jury ou comme invité d'honneur auquel les organisateurs devront rendre hommage. Après le passage de ces deux troupes assez moyennes, le niveau a été rehaussé avec la troupe Sara Ksar de Béchar, lauréate du 2e prix de la 5e édition du festival. Très appréciés dans la région, les artistes de cette formation remarquable ont su transporter la foule et la mettre délicieusement en transe avec de l'authentique diwane. Les spectateurs ont eu droit à un voyage vertigineux au cœur du diwane, explorant en compagnie de Sara Ksar de nombreux morceaux à l'image de Ya Sidi Belahmer, Hamdouchia, Lala Mimouna et Baba Hammou. Au-delà du remarquable bon son de cette troupe de Béchar, on saluera le sens de l'esthétique dont ont fait preuve les membres de la troupe qui ont su mettre à niveau égal le son et l'image. Des tenues traditionnelles (jabadors) noires aux broderies dorées et une chorégraphie travaillé ont permis à Sara Ksar de se mettre dans l'ambiance et de montrer tous ses talents, en apportant la prouve que la relève est assurée dans la région.