C'est sur la question centrale de la gouvernance des entreprises et des administrations économiques que planchera cette année le Symposium international du MDI Business School d'Alger qui se tient depuis hier à l'hôtel Hilton d'Alger. Durant deux jours, des experts nationaux et étrangers ainsi que divers acteurs de la scène économique et sociale algérienne, concernés en premier chef par cette problématique, réfléchiront aux voies et moyens à mettre en place pour rénover le mode de gouvernance archaïque sur lequel repose actuellement le destin de notre économie, en général, et celui de nos entreprises, en particulier. Nos entreprises, mais sans doute encore plus nos administrations et institutions économiques, ont en effet plus que jamais besoin d'une profonde rénovation pour avoir quelques chances de faire face aux sociétés étrangères qui lui livrent déjà une féroce concurrence dans leur propre pays et les empêchent de conquérir des parts de marché à l'étranger. Il faut dire que l'Algérie a perdu beaucoup de temps à prendre conscience de la nécessité de mettre à niveau ses entreprises mais, pis encore, à débureaucratiser ses administrations économiques qui continuent à travailler, non pas, à la promotion des PME et des investissements, mais beaucoup plus à leur perte. La question avait été évoquée dès les premières années de la réforme économique de 1988, mais faute de volonté politique, les résistances aux changements n'ont jamais été vaincues et les actions envisagées furent constamment reportées. Les institutions administratives, autant que les entreprises, notamment publiques, ont, de ce fait, continué à fonctionner selon les modes rentiers, bureaucratique et clientélistes hérités de l'ère socialiste. Beaucoup d'argent public a été injecté par l'Etat pour maintenir les entreprises nationales en activité en dépit de leur criante insolvabilité, mais très peu de moyens seront, par contre, consacrés à la refonte de leur gouvernance en recourant à la formation qualifiante et, bien entendu, au choix plus judicieux des éléments chargés de leur encadrement. Depuis l'année 2010, le gouvernement semble avoir pris la mesure de l'enjeu capital de la bonne gouvernance, en inscrivant dans le programme quinquennal 2010-2014 en cours, la mise à niveau de 20 000 PME, dont un des principaux volets consiste précisément à moderniser le management global des sociétés concernées. Bien qu'ayant pris un sérieux retard au niveau de l'exécution, ce programme pourrait bénéficier des recommandations du symposium du MDI-Alger dont le Conseil national pour le développement de la PME pourrait s'inspirer pour mieux cadrer les actions de mise à niveau envisagées. L'Union européenne, qui vient de lancer son second programme de mise à niveau portant sur 400 PME du secteur de la pharmacie, pourrait également en faire œuvre utile. Mais les conclusions du symposium pourraient surtout servir à faire prendre conscience de la nécessité de rénover d'abord et avant tout, la gouvernance des administrations et institutions économiques qui, est-il bon de souligner, ne figure dans aucun programme d'actions gouvernemental alors qu'elle conditionne la réussite des opérations de mise à niveau et plus largement l'essor des PME et celui de l'investissement productif. Il faut bien se rendre à l'évidence que, sans modernisation préalable du mangement des administrations et institutions qui encadrent l'économie et les entreprises, il y a vraiment peu de chances que cet ambitieux programme de modernisation des PME atteigne les objectifs fixés. Si le principe de la modernisation des administrations économiques n'est pas retenu et mis en œuvre en même temps que les entreprises, il est clair que les 4 milliards de dollars que le gouvernement injectera dans ce vaste programme d'actions ne changeront pas grand-chose au mode de gouvernance anachronique dont les unités économiques auront beaucoup de mal à se défaire du fait des blocages que continueront à leur faire subir les administrations économiques dont le mode de gestion anachronique n'a pas du tout progressé.