-Après le scandale de l'australien GMA, le premier responsable de l'énergie en Algérie, Youcef Yousfi, a décidé de reprendre langue avec les Sud- Africains pour l'exploration des mines aurifères de l'Algérie. Que pensez-vous de ce partenariat ? Les Sud-Africains sont les premiers partenaires qui nous ont arnaqués dans le domaine de l'exploitation minière. Pour mémoire, l'Afrique du Sud a cédé à l'Algérie une usine qui est, certes, moderne et d'une technologie de haute performance, mais elle est surdimensionnée, compte tenu de la qualité et la quantité d'or extraite en Algérie. De telles usines ne sont donc rentables que si la teneur en or dépasse les 18g/ tonne de roche. Ce n'est pas le cas de la roche des périmètres aurifères de Tamanrasset qui est qualifiée de pauvre, entraînant par conséquent des coûts élevés à l'exploitation pour une quantité d'or insignifiante. L'Entreprise de l'exploitation des mines d'or (ENOR) a fait les frais de cette expérience. -Comment expliquez-vous cette démarche ? Indirectement et pour la première fois, le ministre de l'Energie et des Mines a reconnu les méfaits de l'australien GMA, qui n'a respecté ni les travailleurs ni l'environnement. Ce choix n'a rien à voir avec l'argent et la technologie, mais c'est une politique portant sur une production d'or indemne de toute arnaque et corruption, notamment avec le retrait définitif de GMA, à la faveur de l'accord de cession des actions qui a été conclu dernièrement au profit du Holding Sonatrach RCH Spa. L'accord a pour objet de définir les modalités et les conditions de transfert des 16250 actions détenues par l'australien dans l'ENOR au profit de Sonatrach. Reste à connaître maintenant le montant déboursé à GMA pour l'acquisition de ses actions, montant qui n'a toujours pas été rendu public. -Le ministre de l'Energie et des Mines a récemment déclaré que les réserves prouvées de l'Algérie en or atteignent les 100 tonnes sur une durée de 20 ans, soit 5T par an. Des quantités appelées à augmenter à la faveur de l'intensification de l'exploration. Qu'en pensez-vous ? En réalité, il y a beaucoup plus que ces quantités. Je dirais même qu'il y a des milliers de tonnes dans les régions d'Amassmassa, de Tirek et de Zita, dans la wilaya de Tamanrasset. Cependant, la production de 5T d'or par an est théoriquement impossible. Pour produire 5000 kg d'or/an, il faut exploiter jusqu'à 2,5 millions de tonnes de roche avec une moyenne / jour de 7000 tonnes, suivant le processus d'exploitation aurifère, et ce, du dynamitage au broyage de la roche. D'après les résultats obtenus des dernières analyses effectuées par le bureau géologique australien engagé par GMA ressources, la teneur en or dans la roche est estimée entre 1 et 3g/T. En plus, ce sont presque les mêmes résultats obtenus des recherches effectuées par des spécialistes russes dans les années 1970. A dire vrai, l'Algérie ne pourra pas produire plus de 30 kg d'or/mois pour le moment. Même avec le procédé de lixiviation au cyanure, la production mensuelle ne dépassera aucunement les 20kg. -Avez-vous des suggestions à faire ? L'Algérie doit opter pour de petites unités de production de taille mobile qui ne demandent pas autant de moyens humains, matériels et financiers. Des entreprises vont se concentrer sur les champs aurifères existants. Ce n'est qu'à ce moment-là qu'on produira autant d'or. En dehors de cette procédure, il me semble que c'est de la pure spéculation pour préparer d'éventuelles arnaques. -Dès le début du feuilleton GMA, l'ex-ministre de l'Energie, Chakib Khelil, avait intenté une action judiciaire contre vous, tout en mettant fin à vos fonctions au sein de l'ENOR. La justice algérienne qui vous a par la suite innocenté a tout de même refusé votre demande de réintégration, pouvez-vous nous en expliquer les raisons ? En effet, après une dizaine d'audience, le tribunal de Tamanrasset m'a notifié, le 8 avril dernier, un jugement où il a été confirmé que ma demande de réintégration à Enor est refusée à cause de la non-conformité de ma requête avec l'article 504 du code de procédure civile qui exige à ce qu'elle soit faite six mois au maximum après la date de la remise du P-V de non-conciliation sanctionné par l'inspection du travail de la wilaya.Ce que je ne comprends pas, c'est que le tribunal a pris la date de la réunion de conciliation comme référence et non pas celle du P-V conformément à la réglementation. A deux reprises et pour le même motif, je me trouve contraint d'effectuer de longs déplacements entre Alger et Tamanrasset pour déposer ma requête.