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«L'opacité est consubstantielle au système»
Abderrahmane Hadj-Nacer dans un entretien à Jeune Afrique
Publié dans El Watan le 23 - 05 - 2012

Dans un entretien qu'il a accordé au magazine Jeune Afrique, l'ancien gouverneur de la Banque d'Algérie, Abderrahmane Hadj-Nacer, fait un diagnostic des plus critiques de la situation politique, sociale et économique du pays.
Dans son analyse sur la nature du système politique algérien, il estime que l'opacité est telle qu'on ne sait même plus où est le centre du pouvoir. «Il existe un système opaque qui ne permet à personne, ni à ceux qui en sont éloignés ni à ceux qui y travaillent, de répondre à la question : qui est responsable ?» Personne ne sait où se situe le pouvoir. C'est une combinaison qui «vise à maintenir le statu quo. Et les dirigeants de ce système ne sont pas en mesure de le faire évoluer». Hadj-Nacer estime qu'un tel système est unique en son genre : «Même dans l'ex-URSS, il n'y avait pas d'équivalent, puisque la caste a pu évoluer et se transformer en une quasi-classe sociale, avec son mode de reproduction. Ce qui manque au système algérien, au-delà de sa capacité à se maintenir et à gérer un statu quo instable.»
Pour l'ex-gouverneur, l'incapacité du pouvoir «à se construire autour d'une conscience de classe explique qu'il se suicide en permanence sans le savoir. La transmission fondamentale, ici, ne concerne pas l'argent, mais la culture». Il développe : «L'absence de lisibilité du système algérien, par manque de conscience de classe, explique l'incapacité de se projeter dans laquelle toutes les catégories sociales sont placées. En Algérie, ni un général ni un pauvre hère ne peuvent se projeter dans le futur.» L'analyste considère que l'opacité «est consubstantielle au système. Sans elle, il n'existe pas. Cinquante ans après l'indépendance, je défie quiconque de me dire où se trouve le centre du pouvoir».
Interrogé si c'est au niveau du DRS (Département du renseignement de la sécurité) que se situe le pouvoir, Hadj-Nacer rétorque : «Vous pouvez dire aussi l'état-major ou la Présidence. Mais ce n'est pas vrai. On a affaire à un ensemble flou, ce qui est à la fois une force et une faiblesse.» Affinant sa dissection du fonctionnement du système algérien, Hadj Nacer avance : «C'est un collège autodésigné et dont la composition n'est pas figée. L'erreur à ne pas commettre est de désigner un responsable en particulier. Quand on désigne un individu, on le condamne d'une certaine façon. Dès qu'il est connu, il est remplacé par un autre. Des milliers d'années après, on a le sentiment que le système algérien, par réflexe, a retrouvé le fonctionnement des anciennes djemaâs berbères. A défaut d'Aguellid, figure de l'autorité dans les sociétés berbères, la collégialité fonctionne, avec l'opacité en plus.»
Renvoyé par le journaliste à l'époque des années 1990 où, dit-on, Khaled Nezzar était maître du jeu politique, l'ancien gouverneur réplique : «On parlait aussi de Larbi Belkheir, de Mohamed Lamari… On a désigné Smaïn Lamari… Ils sont tous partis. On a parlé de Toufik, comme on pourrait désigner le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika. La seule certitude, j'insiste, c'est que chaque fois qu'un supposé maître du jeu vient à disparaître, on constate que le système ne change pas et l'on se rend compte qu'après lui, tout continue comme avant.» Abordant la situation économique, Hadj-Nacer souligne que «dès 1962, l'Algérie a été un champ d'expérimentation qui n'a bénéficié ni d'une préparation conceptuelle ni d'une participation de la population et s'est retrouvée dans une impasse».
Le système passe à une nouvelle étape
Il précise que c'est «seulement dans les moments d'absence de recettes pétrolières excédentaires qu'on laisse les techniciens faire leur travail. Situation plus grave dans les années 1990-2000 : les techniciens ont été de tous les rouages économiques, le système est passé à une nouvelle phase, peut-être sans expertise, mais sûrement sans témoins gênants». Abderrahmane Hadj-Nacer n'exclut pas non plus une main étrangère qui a contribué à aggraver la situation dans le pays : «On a toujours affaire à un système opaque. Mais on ne peut pas écarter la main de l'étranger. Pour autant, cela n'enlève rien à notre responsabilité.» Il cite Jacques Berque qui, en 1986, disait que «deux pays arabes – l'Algérie et l'Irak – ne pouvaient pas exercer leur puissance car ils possèdent à la fois la terre, la population, l'eau et le pétrole et jamais l'empire ne le tolèrera». «Dans mon livre La Martingale algérienne, c'est cette logique folle que j'essaie de décrypter : nous subissons les desiderata de l'empire sans même nous demander pourquoi.»
Invité à être plus précis sur la nature de l'empire, Hadj-Nacer indique ceci : «En fin de compte, on a affaire à deux électeurs, le français et l'américain. Et puis il y en a un troisième, que l'on fait voter de force et qui est ignoré par tous : la population. Dans notre région, ceux qui légitiment le système depuis l'extérieur ont besoin, pour des raisons de contrôle du rééquilibrage du monde, que les régimes s'adaptent. Ils ont conscience que ces systèmes locaux ne parviennent plus à endiguer l'émergence d'une citoyenneté. Le phénomène de l'émergence citoyenne, observé en Algérie dès les années 1980, se répandant à travers la région, il s'agit de redéfinir ces pouvoirs locaux.»
En réponse à une question sur «la réserve des Algériens vis-à-vis du Printemps arabe», M. Hadj-Nacer considère que les Algériens «sont instruits par ce qui s'est passé en octobre 1988 et par la tragédie de la décennie noire. Ils ne sont pas naïfs. Ils sont capables de vous expliquer ce qui se passe en Tunisie, en Libye et en Syrie. Ils savent ce que c'est qu'une manipulation et que c'est toujours le peuple qui paie à la fin». Et de s'interroger à son tour : «Pourquoi diable fait-on exploser des pays pétroliers ? Le chaos est-il nécessaire à la gestion des économies pétrolières ? C'est ce qu'on voit en Irak ou en Libye. Faut-il s'attendre à ce que l'Iran et l'Algérie connaissent à leur tour le chaos ? Une chose est claire : les populations se massacrent, mais personne ne touche à l'économie pétrolière.»


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