Le Camerounais Samuel Eto'o a vécu une soirée qu'il n'oubliera jamais. Lors de la rencontre de la Liga, Saragosse-Barcelone, des supporters locaux l'ont pris à partie en poussant des cris de singe à chaque fois que l'attaquant barcelonais était en possession du ballon. C'était insupportable pour le meilleur joueur africain (pour la troisième fois consécutive) et meilleur buteur (18 buts) du championnat d'Espagne. Constatant que des supporters de Saragosse redoublaient de férocité, il a décidé de quitter le terrain en signe de contestation contre ce comportement ignoble. Il a fallu une grande dose de persuasion de la part de ses coéquipiers, adversaires et arbitres pour qu'il revienne sur sa décision et terminer le match. Ce n'est pas la première fois que le Camerounais subit ces sarcasmes à connotation raciste. La saison dernière, sur le même stade, il a vécu le même calvaire à cause de la couleur de sa peau. A l'époque, la fédération espagnole s'est montrée complaisante en infligeant une sanction dérisoire de deux cents euros au club de Saragosse. La sanction était ridicule par rapport à la gravité de la sanction engendrée par les cris à caractère raciste en direction du brillant attaquant africain. Forts du laxisme de leur fédération, les supporters de Saragosse ont remis cela. Dans ce domaine, l'Espagne n'en est pas à sa première incartade. Il y a un an, lors du match amical Espagne-Angleterre, le sélectionneur ibérique Luiz Arragonés a « craché » des propos racistes au visage d'un joueur (de couleur) anglais. L'auteur (un éducateur) de ce comportement scandaleux est toujours en poste et n'a même pas essuyé la moindre critique de la part des dirigeants de la fédération espagnole. La FIFA s'est saisie du cas et a tout simplement décidé... de mettre en garde la FEF contre la répétition de tels actes. Mesurant le danger, des footballeurs de couleur ont appelé leurs collègues du monde entier à lutter contre ce phénomène à travers une forte campagne de sensibilisation. L'Espagne n'est pas un cas isolé. L'Italie, elle aussi, est confrontée au problème du racisme dans les stades. La Ligue du Nord, parti xénophobe par excellence, est derrière les actes de ce type dans les enceintes sportives. Il y a trois mois, l'Ivoirien Marc Zoro (Messine) a eu droit au même régime que celui que les supporters de Saragosse ont réservé au Camerounais Samuel Eto'o, à l'occasion de la rencontre Messine-Inter de Milan. Les supporters milanais affiliés à la Ligue du Nord poussaient des cris de singe lorsque l'Ivoirien prenait possession du ballon. Choqué, Marc Zoro a pris la direction des vestiaires en signe de protestation. Le Nigérian Martins est intervenu auprès de l'Ivoirien, à l'instar de Luis Figo, pour lui demander de ne pas céder aux débordements racistes des supporters. La France aussi a eu son épisode dans l'affaire Chibonda. Le joueur congolais de Bastia a essuyé des insultes à caractère raciste, bombardé de cris de singe à chaque fois qu'il touchait le ballon. Depuis, il s'est exilé en Angleterre, à Wigan, où il brille de mille feux, loin du cauchemar de Furiani. Les autres pays européens ne sont pas épargnés par ce phénomène, à l'image de l'Allemagne, la Hollande, la Belgique où les joueurs de couleur vivent de plus en plus difficilement leur vie de footballeur. A présent, la responsabilité de la FIFA est pleinement engagée dans cette affaire de racisme dans les stades. Elle s'est montrée trop laxiste par rapport à cette situation. Les mesures qu'elle a préconisées (amendes financières insignifiantes) sont un encouragement à ce type de débordement à caractère raciste qui risque à terme de mettre en danger l'intégrité physique des joueurs de couleur.