La troupe Diwan El Waha de Béchar a décroché la première place du concours du sixième Festival de musique Diwane de Béchar, clôturé jeudi soir, au stade En Nasr. Béchar De notre envoyé spécial Abdelaoui Abdelhakem, leader du groupe El Waha, a obtenu, lui, le prix du meilleur joueur de gumbri du festival. Nassim Chetouhi du groupe Diwane El Bahdja d'Alger a partagé la même distinction. Diwane El Bahdja a également été classé à la deuxième position devant Nora Diwane de Béchar. Un hommage particulier a été rendu à Mohamed Bahaz de Blida, 72 ans, pour l'ensemble de sa carrière dans le domaine de la tradition diwane. Le président du jury, l'ancien ministre Lahcen Moussaoui, a estimé que la décision a été prise « en tout âme et conscience », selon les critères retenus pour le concours. « Le diwan n'est pas un genre musical particulier. Il est plus que cela compte tenu de ses racines et de ses secrets. Quelque soit le poids de la modernité, il faut veiller à préserver ce patrimoine, ses spécificités, ses instruments et ses chorégraphies », a-t-il déclaré lors de l'allocution d'annonce des résultats. Nora, la seule femme à avoir participé au concours, n'a pas apprécié le verdict du jury. « Je mérite la première place. J'ai représenté l'Algérie dignement en Ethiopie. Personne ne m'a dit merci ici à Béchar. On méprise les artistes. On n'a arrive pas à sortir du clivage entre noirs et blancs. Pourtant, nous sommes tous algériens. Pourquoi, on ne sort pas de cette mentalité. Je suis la seule femme à jouer du gnawi. La dernière fois, ils ont donné le premier prix à El Waha disant que ce groupe est populaire. Si tel était le cas, j'aurais ramené des bus de supporters ! », a protestéNora. Pour certains festivaliers, Nora fait plus dans la variété que dans le Diwan pur. D'où son classement en troisième position. Hocine Zaïdi, commissaire du festival, a qualifié de normale la réaction de colère des candidats et a précisé que l'évaluation se fait du travail exécuté sur scène. « Tout le monde a la prétention d'être le meilleur. C'est légitime d'y penser. Le jury a fait son travail en toute indépendance. Le niveau artistique des troupes participantes n'était pas le même. Il faut peut être faire un travail en amont en organisant des pré sélections au niveau des régions avant d'arriver au festival. On va y penser même si nous sommes une équipe réduite. Nous n'avons toujours pas de local pour le commissariat du festival. On se réunit à la Maison de la culture. Les conditions de travail ne sont pas encore bonnes. On ne peut pas préparer un programme sur la durée», a-t-il regretté. Il a reconnu l'absence d'un maâlem (qui joue le gumbri dans un troupe de diwan) du jury. « Faut-il instaurer un concours entre des groupes interprétant du diwan, une musique traditionnelle ? Il faut revoir les critères. Il est important de passer à une phase qualitative », a soutenu Hocine Zaïdi précisant que la composante du jury sera également revue pour les prochaines éditions. Il a appelé à doter Béchar d'infrastructures culturelles dignes de ce nom. Il a notamment évoqué la nécessité d'y construire un théâtre de plein air pour permettre l'organisation d'activités culturelles dans des conditions adéquates. Parmi les heureux de la soirée, Abdelaoui Abdelhakem ou Mâalem Hakem, doublement primé. « Ce premier prix va m'encourager à continuer la recherche dans mon travail. Je vais répéter et répéter jusqu'à atteindre la perfection. Je suis pour la rénovation du diwan à condition à respecter les règles de base. Il faut séparer entre le diwan traditionnel et le diwan fusion », nous a-t-il déclaré. La soirée a été animée par la troupe Sarwiya, composée notamment d'enfants, et par une fusion entre trois groupes de Diwan, El Bahdja d'Alger, Tourath d'Oran et El Waha de Béchar. La plupart des bradj du diwan ont été repris par ces trois groupes qui ont crée une ambiance festive au stade En Nasr. Enfin, les présents ont été agacés par le cérémonial de « distribution » d'hommages (takrimate) inutiles et sans raison au wali Abdelghani Zaâlane et à ses collaborateurs lors de la clôture du festival. Faut-il à chaque festival donner des petits cadeaux aux représentants de l'administration locale ? Au stade En Nasr, tout le monde aura remarqué que le wali de Béchar était isolé du public par plusieurs barres métalliques et par un cordon serré de policiers…