-La sclérose en plaques touche de plus en plus de jeunes personnes en Algérie et particulièrement les femmes. Comment expliquez-vous le phénomène ? Partout dans le monde, la sclérose en plaques (SEP) touche les sujets jeunes entre 20 et 40 ans et deux fois plus de femmes. Les causes de la maladie sont multiples et résultent de l'interaction de facteurs environnementaux et génétiques. La fréquence de la maladie est nettement plus élevée dans l'hémisphère Nord de la planète. Les pays du Maghreb sont considérés comme des zones de moyenne prévalence. En Algérie, si sa fréquence semble en augmentation, cela est en partie dû à l'amélioration des outils de diagnostic. -Y a-t-il actuellement une étude épidémiologique sur la maladie. Confirmez-vous les chiffres avancés sur la prévalence qui serait de 10 000 cas en Algérie ? Personnellement, je ne peux pas avancer un chiffre de prévalence d'une maladie s'il n'est pas le résultat d'une étude épidémiologique reconnue. Concernant la SEP, à ce jour, il n'y a pas eu d'étude ni en Algérie ni dans les autres pays maghrébins. Une étude épidémiologique descriptive multicentrique dans le cadre d'un programme national de recherche (PNR) est en cours. Elle permettra de déterminer les caractéristiques cliniques et évolutives de la SEP en Algérie. -Comment se manifeste la maladie et est-il possible aujourd'hui de la freiner ? C'est une affection inflammatoire auto-immune du système nerveux central (SNC) comprenant le cerveau et la moelle épinière, qui, comme on le sait, contrôle le fonctionnement du corps. Chez les personnes atteintes de SEP, des lésions inflammatoires appelées «plaques» vont apparaître comme au hasard au niveau de la substance blanche du SNC. Cliniquement, la SEP va donc se manifester de façon très variable et imprévisible, selon les individus. La gravité des signes de la maladie va dépendre du siège et de l'intensité des lésions. Les signes les plus fréquemment observés au début de la maladie sont la baisse brutale et temporaire de la vision, des troubles sensitifs ou moteurs et/ou des troubles de l'équilibre et de la marche. En général, ces signes régressent au bout d'un certain temps et le sujet redevient normal. Ce premier «événement neurologique» sera suivi, quelques semaines, mois ou années plus tard, d'un deuxième épisode de signes neurologiques qui vont plus ou moins régresser après quelques semaines. C'est pourquoi, on dit que la SEP évolue par poussées et rémissions. Lorsque le patient arrive en neurologie, il subit une série de tests neurologiques, immunologiques et une imagerie cérébrale (IRM) qui vont montrer les signes caractéristiques de la maladie. C'est surtout sur cet ensemble - signes cliniques, évolution de la maladie par poussées/rémissions et imagerie cérébrale - que sera porté le diagnostic de la SEP, après avoir éliminé d'autres affections neurologiques qui peuvent se comporter de la même manière. C'est pour vous dire que le diagnostic de la SEP n'est pas aisé. Ces deux dernières décennies ont vu apparaître des traitements spécifiques de la SEP qui permettent effectivement de freiner la maladie en diminuant le nombre de poussées retardant ainsi le handicap. -Qu'en est-il de la prise en charge thérapeutique et de la rééducation ? Depuis la disponibilité des traitements spécifiques en Algérie, la prise en charge des patients atteints de SEP s'est nettement améliorée puisque dans la plupart des services de neurologie les patients sont reçus régulièrement en consultation spécialisée SEP par des neurologues expérimentés. Il reste à développer la prise en charge de la rééducation et faire en sorte qu'il y ait des unités de rééducation spécifiques pour les patients atteints de SEP avec des troubles moteurs qui peuvent régresser grâce à un programme spécifique de rééducation. De même, les troubles sphinctériens à type d'incontinence ou de rétention urinaire qui peuvent apparaître au cours de l'évolution de la maladie sont pris en charge par des rééducateurs spécialisés.