La sclérose en plaques est une maladie neurologique qui touche en Algérie chaque année plus de 10 000 personnes, et principalement jeunes adultes, notamment les femmes. Cette maladie, pour expliquer cela en résumé, crée un véritable dérèglement du fonctionnement du cerveau et de la moelle épinière. En général, la maladie se manifeste par des troubles et se termine par une vraie maladie invalidante. Les patients finissent souvent leur vie en fauteuil roulant. Dans notre pays entre 80 à 10 000 cas de SEP sont enregistrés, a précisé le Pr. Mohamed Arezki, chef de service de neurologie du CHU de Blida et également président de la Fédération maghrébine de neurologie et de la Société algérienne de neurologie et neurophysiologie clinique (Sannc). Cette pathologie est considérée comme un problème majeur de santé publique, puisqu'elle touche le plus souvent de jeunes adultes. «Cette maladie touche, selon lui, plutôt l'adulte jeune entre 25 et 30 ans, un peu plus les femmes que les hommes». Plusieurs facteurs en matière de risques sont cités et favorisent la progression de la maladie, à savoir l'obésité, le tabagisme, l'alimentation non équilibrée et la pollution. Pour en savoir plus sur cette affection neurologique, le professeur Arezki a défini dans cet entretien qu'il nous accorde sur la sclérose en plaques (SEP). «La SEP est une maladie chronique inflammatoire du système nerveux central, caractérisée essentiellement par une disparition de la myéline à plusieurs endroits du système nerveux central.» Il n'est donc pas possible d'en prévoir le cours pour chaque patient. Alors que certaines personnes ne seront que très peu affectées par la maladie pendant de nombreuses années, d'autres pourront être victimes très tôt de dommages neurologiques susceptibles d'influencer leur existence. Il importe de savoir que les lésions occasionnées par la SEP au système nerveux n'engendrent pas toujours systématiquement des symptômes neurologiques ressentis. Le cerveau, d'ailleurs, selon les spécialistes, est capable de compenser très vite des lésions neurologiques en ayant recours à des voies nerveuses alternatives pouvant exercer la même fonction. La cause de la sclérose en plaques demeure inexpliquée et inconnue. La plus souvent évoquée est celle d'une maladie auto-immune, où le système immunitaire détruirait la myéline en la considérant comme étrangère au corps, a expliqué le professeur. La sclérose en plaques est diagnostiquée la plupart du temps chez des personnes âgées de 20 à 40 ans. On estime qu'en moyenne, une personne sur 1 000 en est atteinte. Les personnes à risque sont généralement celles dont un proche parent est atteint de sclérose en plaques. En effet, environ 20% des personnes atteintes ont un proche parent qui en souffre. Les facteurs déclenchant cette pathologie sont ou génétiques et/ou environnementaux. Pour ce qui est des facteurs de risque de cette pathologie chronique, les chercheurs ont établi, à travers des études effectuées sur un groupe de personnes, un lien causal solide entre l'habitude de vie observée et la sclérose en plaques. Les personnes, qui fument de 20 à 40 cigarettes par jour, à titre d'exemple, courent environ deux fois plus de risque d'avoir la sclérose en plaques que les non-fumeurs. Ou encore, consommer beaucoup de gras animal pourrait doubler le risque d'être atteint de sclérose en plaques. Quant au traitement et sa disponibilité au niveau des services concernés, le spécialiste a fait savoir que les médicaments sont disponibles dans notre pays malgré leur coût élevé. «Le traitement, n'est évidement pas à la portée des patients. Ces molécules sont fournies actuellement par les établissements hospitaliers, d'ailleurs un budget spécial est dégagé par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière», a-t-il précisé, en ajoutant que, même sur le plan infrastructurel notre pays peut prendre en charge ses patients. Selon lui, l'Algérie en tout possède huit services de neurologie répartis sur cinq wilayas. Quatre services à Alger, un à Blida, un à Constantine, un à Annaba et le dernier à Tlemcen. Toutes ces infrastructures sanitaires ou services peuvent prendre en charge convenablement les patients atteints de la sclérose en plaques. «La prise en charge doit se faire par un neurologue obligatoirement, en dehors de l'examen neurologique, une imagerie par résonance magnétique [IRM] est obligatoire. Cette prise en charge est souhaitable en milieu hospitalier, du moins au début pour confirmer le diagnostic et instituer le traitement», a préconisé le Pr. Mohamed Arezki. Par ailleurs, des études épidémiologiques indiquent que la prévalence de la sclérose en plaques est plus élevée dans les populations qui ont une alimentation riche en gras animal et plus faible chez celles qui consomment principalement des acides gras polyinsaturés. Sur ce volet, notre interlocuteur a porté à notre connaissance qu'un patient atteint de sclérose en plaques bien pris en charge peut avoir une espérance de vie comparable à la population générale. Et de rassurer en disant que «les avancées pour une meilleure prise en charge de la maladie sont nombreuses et de multiples molécules nouvelles vont apparaître sur le marché, bientôt» N. B.