C'est avec beaucoup de tristesse que j'ai appris la mort du père de l'arbitrage algérien, le regretté Hadj Ahmed Khelifi qui, durant sa brillante carrière, s'est dévoué avec engagement et sincérité pour le développement de l'arbitrage. J'ai eu la chance de connaître Hadj Ahmed Khelifi, natif du même quartier, La Casbah ; il était aussi un ami très proche de mon regretté frère aîné (ancien arbitre). Hadj Khelifi a aimé passionnément le football dès son jeune âge après avoir évolué à l'ESMA. A la suite d'une blessure, et pour rester toujours dans le milieu sportif, il s'est reconverti à l'arbitrage très jeune durant les années 1950. Il s'est imposé pour devenir le meilleur arbitre interligues ; à cette époque, ce n'était pas chose facile. Il était la fierté de l'arbitrage algérien de l'époque. Après l'appel du devoir, il a cessé toute activité sportive. Hadj Khelifi a repris en 1962-I963 comme arbitre international, et il a eu l'honneur d'arbitrer la première finale de la coupe d'Algérie au stade de 20 Août 55 à Alger. Durant sa brillante carrière, il a eu un très riche palmarès. Au lendemain de l'indépendance, il a joué un très grand rôle pour la relance et l'organisation de notre football. Il a été toujours disponible pour aider les membres de la Ligue d'Alger de football dans les années 1962/1963 dans la gestion du football par ses qualités intellectuelles et sa maîtrise de la réglementation du football. Il a été l'homme qui a mis sur orbite le regretté Khezzal Omar, qui est devenu l'un des meilleurs présidents de la FAF que notre football ait connus. Je tiens à rendre un très grand hommage au défunt Hadj Khelifi Ahmed pour sa grande et brillante carrière. En ce qui me concerne, si j'ai eu à servir l'arbitrage algérien durant plus de 25 années avec loyauté et dignité sur le plan national et international, je peux le dire, en toute sincérité, que c'est grâce au regretté Hadj Khelifi. Par son soutien et encouragement, il m'a appris à défendre les valeurs de l'arbitrage et je lui suis très reconnaissant. Hadj Khelifi a révolutionné l'arbitrage algérien en inculquant de nouvelles méthodes modernes d'arbitrer par l'application des lois du jeu avec intelligence, en respectant l'esprit du jeu et la psychologie dans l'arbitrage. Il a fait évoluer les arbitres par le recours au test psychotechnique ; aussi, il a eu le mérite et le courage de mettre dans le bain des jeunes arbitres de l'époque, tels que Hansal, Bendjahene, Medjiba, Lacarne, Sandid, Kouras, Ghotari, Tighilt, Roumane, Kouradji qui se sont distingués comme l'une des meilleures générations d'arbitres que nous ayons jamais eues. Ahmed Khelifi était toujours à la recherche des jeunes talents, et sa grande satisfaction était d'apporter sa contribution à travers la rédaction de plusieurs ouvrages sur l'arbitrage. Hadj Khelifi, incarnant deux personnages, aimait la convivialité accompagnée de blagues et surtout d'anecdotes. C'était une encyclopédie, d'où les arbitres apprenaient beaucoup. Mais dans la gestion de l'arbitrage, il était un autre personnage prenant toujours au sérieux la gestion de l'arbitrage. Un jour, dans son intervention au complexe sportif Mohamed Boudiaf, lors d'un séminaire, avec un ton sévère, il avoua : «Je veux former des hommes qui seront en mesure de prendre leurs responsabilités en toute circonstance. Vous avez un rôle important dans le développement du football et vous jouez parfois avec le destin d'un club.» Il était très solennel dans ses interventions, on le surnommait «Le cardinal». Il avait un don de motiver les arbitres avant chaque rencontre importante. Hadj Khelifi était un meneur d'hommes. Son cheval de bataille consistait à toujours insister sur l'intégrité et la droiture qui doivent guider toutes les décisions de l'arbitre. Oulid Bir Djebah, Hadj Khelifi était un homme généreux, modeste mais possédant de très grandes qualités intellectuelles et morales. Durant sa longue maladie, il a été oublié, voire ignoré. Ahmed Khelifi nous a quittés, je pense que le destin a bien voulu préserver à notre cher regretté Ahmed Khelifi de voir l'arbitrage algérien dans tous ses états, dégradé, malmené et humilié. Adieu l'ami !