Dans un entretien paru hier sur les colonnes du quotidien Le Jeune indépendant, Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN et ministre d'Etat, représentant personnel du président de la République, a, de nouveau, plaidé pour la revalorisation des salaires et réaffirmé, d'autre part, la nécessité de la révision du texte fondamental du pays. Ainsi, pour M. Belkhadem, le discours prononcé par M. Bouteflika à l'occasion du 50e anniversaire de la création de l'UGTA est « porteur d'espoir » dans la mesure où le chef de l'Etat a invité la centrale syndicale et le patronat et instruit le gouvernement afin de se réunir dans le cadre de la tripartite pour « étudier l'évolution des salaires ». Le SG du FLN a conclu que le fait d'appeler à étudier cette question au sein de la tripartite montre que « la revendication est prise en charge ». Le président Bouteflika a, explique M. Belkhadem, juste défini le cadre dans lequel se négociera cette « évolution des salaires ». Selon le SG du FLN, le Président voulait écarter la revendication salariale d'une controverse sur le champ politique. Le discours du président Bouteflika n'est-il pas un désaveu de la position du FLN ? « Ce n'est pas du tout le cas », rétorque M. Belkhadem. Pour lui, le chef de l'Etat a plaidé, comme le FLN, pour une « étude approfondie de l'évolution des salaires ». Au FLN, la revendication est légitime et il fallait une concertation avec les partenaires sociaux, mais, lance M. Belkhadem, « nous avons dit également que cela ne devait pas être seulement lié aux équilibres macroéconomiques ». Explication : la référence à des paramètres qui ont fait l'objet de recommandations du FMI pendant les années difficiles de l'Algérie, en l'occurrence les années 1990, « ne doit pas lier les mains du gouvernement ». Pour corroborer sa vision, M. Belkhadem avance l'exemple de la Malaisie qui a réussi sans se soumettre aux fourches caudines du FMI et le cas de l'Argentine qui a échoué tout en se soumettant aux concessionnalités du FMI. Ainsi, « l'Algérie doit faire la part des choses ». A l'issue de cette analyse, le SG du FLN n'a pas dissimulé son enthousiasme quant à une augmentation des salaires : « Effectivement, je suis très optimiste quant à une évolution appréciable des salaires qui tienne compte du pouvoir d'achat, du taux de croissance, de la productivité et des équilibres macroéconomiques. » Abordant le sujet des textes d'application de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, M. Belkhadem a justifié le recours du président de la République aux ordonnances présidentielles par la consultation référendaire du septembre 2005. « Le peuple a soutenu cette démarche très fortement et il a donné mandat au président de la République pour prendre toutes les mesures en vue de réaliser la réconciliation nationale », argumente-t-il. Concernant le mécontentement des familles des disparus qui envisagent d'interpeller les instances internationales, le ministre d'Etat déclare que « les disparus sont considérés comme des victimes de la tragédie nationale ». A ce titre, dira-t-il, « il faut bien que l'on règle le problème de la famille qui a perdu un des siens en tant que disparu car elle ne sait pas s'il est vivant ou mort et où il se trouve ». Ainsi, on peut en déduire que les recherches pour retrouver des disparus sont toujours en cours. Dans tous les cas de figure, le FLN, réaffirme M. Belkhadem, soutient le président de la République dans toutes les mesures qu'il entreprendra pour réaliser l'objectif de la réconciliation nationale. L'amendement de certaines dispositions de la Constitution est qualifié d'« inéluctable » par M. Belkhadem en expliquant que la Constitution de 1996 a été conçue dans un contexte donné « qui n'est plus d'actualité aujourd'hui ». La commission installée à ce propos remettra ses conclusions durant ce premier semestre. Pour le représentant personnel du chef de l'Etat, « beaucoup » d'articles appellent une révision, en premier lieu, la nature du régime. Doit-on avoir un système présidentiel fort, à l'américaine, où le chef de l'Exécutif est le Président ; un régime semi-présidentiel ou un régime parlementaire ? s'est interrogé le SG du FLN. Il s'agit, ensuite, de définir les prérogatives du président de la République, en tant que chef de l'Exécutif, et la relation entre les institutions de la République et repenser les prérogatives du Conseil de la nation. S'agissant de la déclaration de Madani Mezrag, ex-émir de l'AIS, qui voudrait se rallier aux listes FLN dans les élections législatives de 2007, M. Belkhadem a laissé entendre que les rangs du FLN sont ouverts à condition que ces personnes ne faisaient pas l'objet de griefs juridiques et qu'elles ne soient pas à l'origine de la tragédie nationale. Pour les élections sénatoriales du 23 février, le SG du FLN a déploré le fait que le RND a préféré donner ses voix au RCD et lâcher le FLN à Tizi Ouzou. Ainsi, M. Belkhadem a écarté toute alliance avec le RND lors des législatives de 2007. « Nous ne sommes pas encore matures pour ce genre d'action », a-t-il conclu.