Selon Me Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme, qui intervenait sur les ondes de la Chaîne III dont il était l'invité de la rédaction, le dossier des disparus était toujours ouvert, il n'est pas clos. Il estime que sur ce dossier, la Commission a progressé et a apporté un début de solution, mais, ajoute-t-il, il y a des familles de disparus - en fait un «noyau minuscule», le qualifie-t-il - qui contestent la démarche et considèrent qu'il y a encore des investigations à faire. Ces familles avancent le slogan «justice et vérité», mais ne disent pas comment concrétiser ce slogan, faut-il faire des procès contre les prétendus auteurs de ces disparitions, ces familles ne le disent pas, fait-il observer. Il y a, dit-il, 7 200 cas de disparus recensés par sa Commission et par les autorités, sans contestation possible, selon lui. C'est ce chiffre qui est retenu par la Gendarmerie nationale, précise-t-il. Sur ce total, fait-il savoir, la Commission a été saisie de 6 146 requêtes venant de ces familles. Les familles concernées ont été indemnisées, ajoute-t-il. Les cas qui restent, fait-il remarquer, moins de 5%, concernent les familles qui ont refusé de percevoir l'indemnisation. L'Algérie, selon Me Ksentini, a fait tout ce qu'elle pouvait pour trouver une solution au problème posé par le dossier des disparus. Autre problème abordé par Me Ksentini, les internés du Sud, au nombre de 15 000 à 18 000. Ils sont les oubliés de la démarche de réconciliation, dit-il. Il est légitime, selon lui, de les indemniser. Me Farouk Ksentini est revenu sur la question de la détention préventive qui touche 20 à 30% de la population globale carcérale en Algérie. Le taux de 10% sur 56 000 détenus, avancé par la justice, est «totalement inexact» estime-t-il, sachant que sur le plan légal, est considéré comme détenu préventivement toute personne qui n'est pas définitivement jugée, a-t-il expliqué. Il appelle à une solution rapide à ce problème du recours «excessif» à la détention préventive. Cette pratique qu'il qualifie d'abusive est devenue, à ses yeux depuis longtemps «la règle absolue». Il estime qu'il y a un «abus systématiquement appliqué» en matière de détention préventive, même quand il s'agit d'affaires mineures «ce qui va, a-t-il dit, quasiment contre la loi et la morale». Concernant les statistiques, son instance n'en dispose pas, dit-il, vu qu'elles sont au niveau du ministère «qui ne les communique pas».