Les Européens veulent une transition politique l Poutine fait mine de n'avoir rien entendu… Aussitôt dit, aussitôt fait. Fort de l'appui indéfectible de Moscou et de Pékin, le président Bachar Al Assad n'a en effet pas perdu de temps pour mettre à exécution ses menaces de réduire «à n'importe quel prix» à néant l'opposition, proférées dimanche. Des combats meurtriers ont ainsi opposé hier soldats et rebelles dans la province d'Idleb au moment où la Russie et l'Union européenne s'employaient à Saint-Pétersbourg à trouver une issue à la crise. Les dirigeants européens ont tenté, notamment, de convaincre Moscou d'infléchir son soutien au pouvoir syrien. L'entreprise s'annonce néanmoins difficile surtout que le président russe, Vladimir Poutine, a écarté, il y a quelques jours, toute sanction de l'ONU contre le régime de même que le départ de Bachar Al Assad, réclamé par l'UE et les Etats-Unis. Lors de ce sommet organisé à Saint-Pétersbourg, le président de l'UE, Herman Van Rompuy, a pressé le président russe, Vladimir Poutine, de surmonter les divergences afin d'éviter une guerre civile en Syrie. Il a souligné qu'il fallait saisir l'opportunité représentée par le plan de sortie de crise de l'émissaire de la Ligue arabe et de l'ONU, Kofi Annan, resté jusqu'ici lettre morte. «L'Union européenne et la Russie ont des approches différentes mais nous sommes pleinement d'accord pour considérer que le plan Annan offre la meilleure chance de stopper le cycle de la violence en Syrie, d'éviter la guerre civile et de trouver une solution pacifique et durable», a déclaré M. Van Rompuy. «Nous devons œuvrer à l'arrêt immédiat de toute forme de violence en Syrie et à un processus de transition politique», a-t-il ajouté. Le plan «B» de Kofi Annan Mais Vladimir Poutine n'a pas réagi à l'évocation de cette «transition politique», ce qui laisse prévoir que le statu quo va encore perdurer sur le dossier syrien. Selon diplomates et experts, M. Annan, qui commence justement à entrevoir l'échec de son plan, souhaite que la communauté internationale pèse de tout son poids pour faire respecter son plan ou qu'elle trouve un plan «B» pour résoudre la crise. Il avait laissé entendre, dès samedi, que sa médiation avait atteint ses limites en réclamant, lors d'un réunion ministérielle arabe à Doha, un «réexamen en profondeur» de la stratégie de sortie de crise. M. Annan s'adressera jeudi à New York au Conseil de sécurité et à l'Assemblée générale de l'ONU. «Nous devons éviter un embrasement qui pourrait mettre le feu à toute la région», a prévenu de son côté le chef de la diplomatie allemande, Guido Westerwelle, qui a entamé hier une visite en Turquie où un groupe d'opposants syriens a annoncé le même jour la création du Front des révolutionnaires syriens (FRS), une nouvelle structure militaire visant à renverser le régime du président Bachar Al Assad. Le FRS revendique 12 000 combattants dans tout le pays. «Nous proclamons aujourd'hui l'unification de tous les fronts dans un centre unique pour parvenir à l'effondrement de ce régime oppresseur», a déclaré lors d'une conférence de presse Khaled Al Okla, membre du bureau politique du FRS, qui lisait un communiqué. M. Al Okla a affirmé que son organisation était active dans toute la Syrie et avait 12 000 hommes sous ses ordres. Plus d'une centaine de «bataillons» sont unis dans cette structure, selon une vidéo de présentation diffusée à Istanbul. Interrogé sur les rapports entre le FRS et l'Armée syrienne libre (ASL), la principale formation armée d'opposition en Syrie, fondée par des officiers supérieurs ayant déserté l'armée régulière syrienne, M. Al Okla a indiqué que les deux mouvements avaient des «discussions» et travaillaient en «coopération». Le FRS a obtenu le soutien de membres du Conseil national syrien (CNS), la principale plateforme politique d'opposants syriens.