Le président russe Vladimir Poutine a ouvert d'un ton froid, hier, les discussions avec les dirigeants de l'UE à Saint-Pétersbourg, mettant sur la table les barrières imposées selon lui aux Russes, lors d'un sommet qui devrait aborder notamment la question de la Syrie. Les discussions officielles de ce 29e sommet Russie-UE ont commencé vers 10h (Heure locale) au Palais Konstantin, dans la banlieue de Saint-Pétersbourg, et M. Poutine, le président de l'Union européenne Herman Van Rompuy et celui de la Commission européenne José Manuel Barroso ont tenu une conférence de presse à 12h 40. " Une véritable coopération est impossible tant qu'il y aura des barrières pour les ressortissants de nos pays", a déclaré M. Poutine en référence à la suppression du régime de visas réclamée par Moscou, en ouvrant les discussions d'un ton froid. Les journalistes russes qui l'accompagnaient à Berlin puis Paris vendredi dernier, n'avaient eu que des visas d'une journée, qui arrivaient à expiration en pleine conférence de presse dans la capitale française : Et quoi, ils devaient se lever et partir ? ", a demandé, ironique, M. Poutine à ses interlocuteurs. La Russie négocie depuis des années avec l'UE la suppression des visas avec la zone Schengen, mais l'UE a posé nombre de conditions, de la sécurisation des passeports au respect des droits de l'Homme. M. Barroso a observé que la levée des entraves à la circulation était un objectif partagé. "La Russie et l'Europe se heurtent à d'importantes transformations politiques, économiques et sociales. Un nouveau cycle commence, cela nous donne la possibilité de regarder vers l'avant, de réfléchir en termes stratégiques à ce que nous voulons construire ensemble, où nous voulons être dans 5 ans", a-t-il dit à M. Poutine. Auparavant, M. Poutine, Barroso et Van Rompuy s'étaient retrouvés dans la soirée d'avant-hier à Saint-Pétersbourg pour de premiers entretiens lors d'un dîner informel. Outre des questions comme les visas, le commerce et la coopération énergétique, M. Van Rompuy et Barroso comptent tenter à leur tour de convaincre M. Poutine d'infléchir son soutien au président syrien Bachar al-Assad, et évoquer l'Iran. Le président russe est resté ferme sur ses positions lors de déplacements à Berlin et Paris vendredi, écartant de nouveau toute sanction de l'ONU contre le régime de Bachar al-Assad de même que le départ du dirigeant syrien. De son coté, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a exhorté, avant-hier la Russie à soutenir une transition politique en Syrie, déclarant que le départ de Bachar al-Assad devait être le résultat de cette transition. Les difficiles négociations entre l'Iran et les grandes puissances sur le programme nucléaire controversé de Téhéran seront également au menu des entretiens avant de nouveaux pourparlers à Moscou les 18 et 19 juin. La Russie et l'UE doivent associer leurs efforts sur la Syrie Le président de l'UE Herman Van Rompuy, a déclaré, hier, lors d'une conférence de presse animée conjointement avec le président de la Commission européenne José Manuel Barroso et le président russe Vladimir Poutine en marge du sommet Russie-UE, que les deux parties doivent associer leurs efforts malgré leurs divergences pour éviter la guerre civile en Syrie, et considèrent ensemble le plan de l'émissaire international Kofi Annan comme le meilleur moyen. "L'Union européenne et la Russie ont des approches différentes mais nous sommes pleinement d'accord pour considérer que le plan Annan offre la meilleure chance de stopper le cycle de la violence en Syrie, d'éviter la guerre civile et de trouver une solution pacifique et durable", a affirmé M. Van Rompuy. "Nous devons associer nos efforts pour que cela se produise et pour dégager des messages communs sur lesquels nous nous entendrions, a-t-il ajouté. "Nous devons œuvrer à l'arrêt immédiat de toute forme de violence en Syrie et à un processus de transition politique", a-t-il dit .M. Poutine, dont le pays est le principal soutien du régime syrien, et qui a refusé à Paris et à Berlin vendredi d'infléchir sa position, n'a pas réagi, notamment à l'évocation de la transition politique, soit le départ de Bachar al-Assad. "Nous avons discuté des questions internationales les plus importantes. Il s'agit bien sûr de la situation en Syrie, en Iran et au Proche-Orient. Au final, je voudrais à nouveau souligner que la discussion d'aujourd'hui a été fructueuse. Evidemment, nous ne sommes pas toujours d'accord sur tout", a dit le président russe.