La cour d'Alger a rendu, hier, son verdict dans l'affaire impliquant Fouad Boughanem, directeur du Soir d'Algérie, Allilat et Réda Belhadjoudja (Liberté). Il s'agit d'un article publié par le quotidien Liberté au moment où le Soir d'Algérie ne paraissait pas et qui date du 21 août 2003, dont l'auteur est Hakim Laâlam. Le ministère public avait poursuivi les journalistes et la publication pour « outrage et offense au président de la République ». Le jugement a été rendu le 25 janvier 2005, condamnant Réda Belhadjoudja et Allilat à 6 mois d'emprisonnement avec sursis et 250 000 DA d'amende. Le journal devait verser 250 millions d'amende. Quant à Fouad Boughanem, il a été relaxé. La cour d'Alger a aggravé le jugement. En effet, la peine de Réda Belhadjoudja a été transformé de l'emprisonnement avec sursis à un emprisonnement ferme. Le reste de la décision a été maintenu. Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé, à plusieurs occasions, le recours à des peines d'emprisonnement dans des affaires de diffamation et a demandé avec insistance aux autorités algériennes une réforme du code pénal afin de dépénaliser les délits de presse. Pour rappel, l'article 144 bis du code pénal prévoit des peines de deux à douze mois de prison et des amendes pour toute mise en cause du président de la République dans des termes injurieux, insultants ou diffamatoires. Selon la même organisation, ces décisions ne reflètent pas le « remarquable développement de la presse ». Ce n'est pas la première fois qu'un journaliste algérien est condamné à une lourde peine de prison. Le directeur du Matin, Mohamed Benchicou, emprisonné depuis le 14 juin 2004, est toujours sous les verrous. Deux autres directeurs de journaux croupissent en prison depuis le 9 février, à savoir Berkane Bouderbala, directeur de l'hebdomadaire Essafir publiant le supplément Errissala, et Kamel Bousaâd, directeur de l'hebdomadaire Panorama, éditeur du supplément religieux Iqraa. Les gens de la profession sont perplexes. Editeurs et journalistes croient voir en ces mesures un recul de la liberté de la presse dans notre pays et qui semble être en sursis. des journalistes et les procès à répétition sont vécus comme une véritable campagne de harcèlement de la part des autorités. Rappelons que Mustapha Farouk Ksentini, président de la Commission consultative pour la promotion et la protection des droits de l'homme, a estimé « ahurissant que des journalistes soient jetés en prison pour leurs écrits ». S'exprimant récemment sur les ondes de la Chaîne III, cet avocat et défenseur des droits de l'homme a déclaré qu'il y a d'autres moyens de punir les journalistes, notamment en leur infligeant des amendes. « Je suis contre leur emprisonnement, car il s'agit d'une aberration », a-t-il dénoncé.