Alors que le congrès des Arabes du Mali organisé dans une localité de Mauritanie s'est achevé dans la désunion après trois jours de débats houleux à l'issue desquels opposants et partisans de l'indépendance du Nord malien ont échoué à s'entendre, la crise malienne a été au centre de débats hier à Lomé (Togo) entre les responsables des huit pays membres de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Cette réunion intervient dans le cadre des efforts africains pour rétablir l'ordre constitutionnel au Mali qui traverse une situation d'instabilité depuis le coup d'Etat du 22 mars. Elle est axée sur l'examen des moyens de rétablir l'ordre constitutionnel et la paix dans tous les territoires du Mali, dont le nord est contrôlé par des rebelles touareg et des groupes armés affiliés à Al Qaïda. A la veille de la réunion, le Premier ministre malien, Cheick Modibo Kheita, a effectué mardi un déplacement à Cotonou où il a salué le président en exercice de l'Union africaine (UA), Boni Yayi, pour les dispositions prises par les organisations régionales, notamment l'Union africaine (UA), la Cédéao et aussi de l'UEMOA, en vue de résoudre la crise que traverse son pays. Le Premier ministre malien a estimé que l'effondrement de l'armée et l'éviction de l'ensemble des structures de l'Etat malien «ont créé les conditions d'un contrôle de l'ensemble du nord du pays par Al-Qaïda (AQMI) et les différents réseaux mafieux». «Le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et Ançar Eddine ont servi de paravent à AQMI qui, à présent, a toute latitude pour mener ses activités dans et à partir du Sahel», a-t-il souligné. Préoccupé par ces développements, le président en exercice de l'UA, Boni Yayi, a plaidé pour que le Conseil de sécurité et de paix de l'Union africaine saisisse le Conseil de sécurité de l'ONU pour former «une force» africaine d'intervention au Mali à l'exemple de la Somalie. «Nous proposons que l'UA renforce sa position pour que le Conseil de paix et sécurité (de l'UA) puisse saisir le Conseil de sécurité de l'ONU», a lancé Boni Yayi lors d'une conférence de presse à Paris, parlant d'une «force» qui pourrait être africaine sous l'égide de l'ONU. Le président de l'UA a cité comme exemple le cas de la Somalie «où une force africaine opère avec le soutien des Nations unies». «Cette solution (militaire) doit venir après le dialogue, mais le dialogue ne doit pas trop durer», a-t-il ajouté, précisant qu'elle (UA) n'acceptera pas «un Afghanistan ouest-africain». Outre les inquiétudes sécuritaires et l'instabilité politique qu'ont soulevé ces développements, le Mali est confronté aussi à d'énormes problèmes économiques causés par la crise actuelle. Cette question sera entre autres au menu du sommet de l'UEMOA, qui de ce fait va examiner les défis économiques qui se posent à l'Union, dont l'accentuation des tensions inflationnistes due au renchérissement des produits céréaliers locaux et des denrées alimentaires importées.