Un herbier de posidonies observé entre les îles de Formentera et d'Ibiza dans l'archipel des Baléares, à 260 km au nord-ouest d'Alger serait, selon une étude génétique, âgé entre 80 000 et 200 000 ans. C'est le plus vieil organisme vivant sur Terre, affirme Sophie Arnaud-Haond de l'université de l'Algarve au Portugal dans un article publié par la revue Plos One (www.plosone.org). La posidonie, plante endémique et emblématique de la Méditerranée, n'est pas une inconnue de ceux qui fréquentent les plages algériennes. C'est cette feuille longiliforme vert bouteille qui tapisse en touffes serrées les fonds ou que l'on retrouve sur la plage arrachée et poussée par une tempête pour former un tapis brun moelleux. Ce n'est pas non plus une algue comme on serait tenté de la croire, mais une plante aquatique qui se reproduit par voie sexuée en donnant des fleurs et des fruits, les olives de mer. Elle se reproduit également par voie asexuée pour s'étendre horizontalement par ses rhizomes. L'âge des herbiers de posidonie a été étudié sur 3500 km de côtes de l'Espagne à Chypre. Ces plantes seraient âgées de plusieurs centaines de millier d'années et le record est détenu par celles qui poussent à 7 km au large de Formentera. Mais l'étude révèle aussi que les nombreuses et fortes pressions anthropiques qui caractérisent le littoral méditerranéen réduit de 5% par an la taille de ces herbiers. Ce taux serait, selon l'équipe de chercheurs, de plusieurs centaines de fois supérieur au taux de croissance de posidonies au cours des siècles et millénaires passés. Ce n'est pas tout, la posidonie, qui est encore largement répandue le long des côtes algériennes, a des atouts insoupçonnés. Elle capture le carbone produit par les activités de l'homme et le stocke dans le sol. C'est une machine à produire de l'oxygène et limite l'érosion du littoral en retenant les sédiments. Une étude récente vient de révéler en effet qu'à surfaces égales, un herbier de posidonie capture trois fois plus de carbone qu'une forêt tempérée ou tropicale. Et en plus de servir d'habitat, de frayère et de nourriture à de nombreuses espèces de poissons, de crustacés et de mollusques, elle produit 14 litres d'oxygène par jour et par mètre carré. Surprenant pour une plante ! Seulement voilà, ces herbiers, qui sont aujourd'hui devenus intéressants pour les avantages qu'ils offrent comme alternative aux effets du réchauffement climatique, ont perdu près de 30% de leur superficie globale et la tendance se poursuit à un rythme effréné.