Le Média Club, récemment inauguré au sein de la Maison de la presse, ne cesse de multiplier les belles initiatives. Jeudi soir, le club des journalistes a lancé une série d'expositions dédiées aux caricaturistes algériens. Et l'insigne honneur d'étrenner la toute première est revenu au doyen et pionnier Maz, caricaturiste du quotidien El Watan et bédéiste. Le Média Club, sous les auspices de son directeur Ouahab Hebbat (New Press), en présence de journalistes, d'amis, de pairs de Maz, a étrenné l'exposition lui étant exclusivement dédiée, baptisée Le mois de Maz. Une galerie de 24 caricatures grandeur nature choisies pour résumer la dextérité du trait caricatural de Maz. Des coups de gueule, des coups de cœur, des coups de canif, voire des coups de Jarnac. Bref, ses coups… francs ! Et franchement pertinents et impertinents ! Ici il brocarde le pouvoir ; là il étrille la bêtise humaine, la folie meurtrière et mortifère islamiste ; là-bas il décoche une flèche du Parthes à l'endroit de la corruption, du népotisme, de la fraude électorale ou encore alerte sur la «transhumance» suicidaire des harraga. Justement, le visiteur découvre ou redécouvre une collection de caricatures éloquentes, pédagogiques et politiquement incorrectes. Le pedigre de Maz, Mohamed Mazari de son vrai nom ? Il n'en parle pas. Car d'une grande modestie et gentillesse. Il n'aime pas être sous les feux de la rampe. En 1966, il débute dans le dessin animé, ensuite la bande dessinée avec Mekidèche, la SNED, El Moudjahid puis El Watan en tant que dessinateur de presse. Maz fut le premier caricaturiste algérien, en 1990 – à l'avènement de la presse libre et privée – à concevoir des dessins journalistiques en Une du journal El Watan. A propos de la caricature, Maz, indique : «Le premier réflexe est de lire une caricature. Elle peut aller plus loin que l'écrit. Elle explique, explicite… J'aime bien travailler l'image. Il faut que le contenu suive l'idée que vous allez donner. La caricature, jadis, renversait des rois…» Et d'ajouter à propos de l'évolution de la BD : «La BD telle que présentée, aucunement. On a des dessinateurs talentueux, mais il faudrait approfondir la technique de la narration figurative. La BD est un récit ! Il faut raconter l'histoire d'une manière cohérente. Et ce de par cette technique narrative, après celle du scénario et du découpage et puis la mise en image. Un apprentissage des plans (gros, moyen, rapproché) à travers des ateliers. Sans cela, le dessinateur risque de déranger le récit…» Quant à l'hommage qui lui est rendu, Maz confie : «Mon ami Ouahab m'a honoré. Pourtant, j'ai rien demandé. Merci, il m'a forcé à resurgir !»