Présenté mercredi soir à la salle Ibn Zeydoun, le monologue a été bien perçu par le public. Dans Hata el tam, Sonia est psychologue. Elle décide, un jour, de ne recevoir aucun patient. Elle n'en peut plus de leurs problèmes et de leurs histoires tirées par les cheveux. La psychologue décida donc de s'enfermer dans sa salle de consultation pour faire sa propre thérapie. Avant de se lancer dans cet exercice émotionnellement prenant, elle commence par prendre sa dose quotidienne de calmants et d'antidépresseurs. Puis, elle se jette à l'eau... en se repassant les situations pour le moins extrêmes (« hata el tam ») qu'elle vit au quotidien avec ses patients et ses voisins. La comédienne, aussi talentueuse que dans ses précédents monologues, se met dans la peau de plusieurs personnages avec une rare aisance. La voisine, une sorcière invétérée qui se sent lésée face à sa rivale et qui menace de lui fermer boutique pour récupérer sa « clientèle » ; le jeune commerçant « frérot » qui prend d'assaut le hall de l'immeuble pour vendre ses babioles et qui drague ouvertement la psychologue ; la patiente bourgeoise qui fait un transfert sur son caniche ; l'ancienne réceptionniste du cabinet qui porte le tchador et tente de convertir sa patronne... Autant de personnages troublés et troublants que Sonia « revêt » pour analyser et illustrer un véritable échantillon d'une société hétéroclite et désorientée. Une société que la comédienne aborde de front et avec beaucoup d'audace. D'ailleurs, elle se prête si bien à ce jeu, qu'elle use d'expressions « populaires » tout ce qu'il y a de plus tendance chez les jeunes. Le titre de la pièce est, lui-même, une formule très usitée et qu'on utilise pour évoquer une situation extrême. On pourrait la traduire par « grave » (prononcé à l'Algérienne) ou par « trop top » (un peu tchitchi sur les bords), ou encore par « dingue », plus rien ne va... Bref, cette pièce est captivante. D'abord parce qu'on a peu de mal à reconnaître ces personnages qu'on croise ou qu'on côtoie dans la vie de tous les jours. Ensuite, parce qu'elle est si brillamment interprétée par une Sonia pleine de talent et qui a plus d'un tour dans son sac. C'est que, l'avantage du monologue, en plus d'être l'une des meilleures expressions théâtrales pour véhiculer les émotions et les sensations, c'est qu'il ne coûte pas très cher. Un décor sommaire, un peu de musique, et quelques sons et le tour est joué. Dans le monologue, ce qui importe le plus réside dans le jeu du comédien. En l'occurrence, Sonia est irréprochable, comme ce fut le cas dans Fatma et Journal d'une femme insomniaque, de Rachid Boudjedra. Sans conteste, Hata el tam va conquérir les spectateurs et, pourquoi pas, les réconcilier avec le métier de psychologue !