Générale n Elle était à l?affiche à la salle Ibn-Zeydoun, où elle a joué une nouvelle pièce, Hata l?tem. Ecrite par Nadjet Taïbouni et conjointement mise en scène par Richard Demarcy et Sonia, qui interprète le rôle d?une psychologue, cette nouvelle pièce est, en fait, un monologue, un one woman show traitant subtilement d?un sujet social qui met en relief nombre de maladies et complexes psychiques et ce, à travers des échantillons contradictoires de la société, jouant tantôt le personnage du médecin, tantôt celui de ses différents patients. La scène est doublement organisée : l?une s?emboîte dans l?autre. D?abord, une salle de consultation, un décor occupant le devant de la scène, car il s?agit du lieu principal où se déroule l?action scénique ; ensuite, l?on a, derrière, la salle d?attente. Entre les deux, une porte, une ouverture reliant le dehors et le dedans. Le décor, quant à lui, est simple : des chaises où sont posés quelques effets vestimentaires (des vêtements que Sonia va revêtir pour interpréter le personnage de chacun de ses patients) ; un bureau et une chaise. Sur le sol, un téléphone ; tel est le décor de cette salle de consultation. La pièce s?ouvre sur un prélude musical ; et dans cet effet sonore, Sonia fait son apparition sur scène : elle y entre par la porte et se dirige lentement, exténuée et dépitée, vers son bureau. Elle y prend place et commence à ingurgiter des calmants. Elle en prend parce qu?elle a perdu ses repères dans le temps, avec elle-même, à cause de ses patients qui ne cessent de la surprendre à travers leur raisonnement et leur comportement hallucinant. Ce sont des attitudes relevant littéralement de la psychiatrie. Dans son cabinet, le téléphone et la sonnette de la porte d?entrée retentissent avec insistance, mais elle a décidé qu?elle n?ouvrirait ni ne parlerait à personne ; et pendant qu?elle est seule, elle se livre à une autoanalyse, une autopsychanalyse avec, comme fil conducteur, les comportements de ses patients qu?elle nous livre dans leur diversité et leur paradoxe. Sonia, dans une dynamique théâtrale l?inscrivant dans un jeu aéré et véridique, un jeu qui rend son monologue réaliste, miroir réfléchissant dans lequel l?on s?identifie, a su, sans complaisance, faire ressortir tous les traits régissant la société. C?est ainsi que toute la société, avec ses différences et ses incohérences, sa pluralité et ses complexes, nous est racontée avec humour, mais pas n?importe lequel, car, derrière, s?exprime, en filigrane, une critique sévère, mais sans condamnation du comportement de la société, société Hata l?tem, toujours en prise avec elle-même, en proie à l?antinomie ainsi qu?à l?absurdité.