Le Théâtre Abdelmalek Bouguermouh de Béjaïa (TRB) a célébré dans le souvenir la Journée nationale de l'artiste. Le TRB a rendu à cette occasion un hommage à deux de ses remarquables sociétaires, disparus respectivement en 1995 et 1998 : Azzedine Medjoubi et Boubekeur Makhoukh. Pour évoquer les deux «compères» Hafila tassir avait pris à son bord à Béjaïa leur famille, Amina, la veuve de Medjoubi, les deux sœurs de Makhoukh et des compagnons du théâtre, qui ont réveillé de l'oubli, par le verbe sobre, émouvant, mais aussi par l'anecdote et un soupçon d'humour ce que furent, chez les deux dramaturges, les qualités humaines, professionnelles, les convictions, les projets assouvis ou non. Deux hommes qui ont valu, résumera Omar Fetmouche, directeur du TRB, dans «l'univers de la belle parole et de la parole contestataire». Le programme concocté, après un interlude musical, a permis aux invités de revoir un extrait filmé de Hafila Tassir ou simplement les performances de Medjoubi sur les planches, le stentor doublé d'une facilité de modulation de la voix avec l'esprit du texte et d'une mouvance sur scène déconcertante. Une autre projection a eu lieu, celle de l'une des lettres échangées par Makhoukh avec Mohamed H'bieb qui était présent à l'hommage rendu. Une correspondance qui aura duré 14 ans et où il était surtout question de théâtre. H'bieb rapporte en particulier, alors qu'il déboulait sur les planches de la coopérative des travailleurs de Sidi Bel Abbès, sous la direction de Kateb Yacine, le vœu formulé en 1989 par son correspondant d'y venir monter Zerdab. Un vœu que l'esquive de la direction, à l'époque, a rendu pieux. H'bieb, comme pour prendre en lieu et place de feu son ami une revanche post mortem, promet solennellement de revenir sur le projet. L'autre figure à faire sa réapparition est Kaddour Naïmi, du fameux Théâtre de la Mer des années 60. Absent du pays depuis 1973 et aujourd'hui installé en Chine, il annonce, devant le public convié, sa décision de rester dans le pays, convaincu par la corporation de reprendre du service. Le programme s'est terminé par la représentation par Mouhoub Latrèche de la pièce El Houinta, mise en scène en 1994 à Béjaïa par Medjoubi. A noter que désormais la salle pour enfants du TRB portera le pseudo collé à Makhoukh, «Ami el Ghali», dénomination de l'un des personnages qu'il a campés. Enfin, dans son intervention, Khelaf Righi, directeur de la culture à la wilaya de Béjaïa, a confirmé la domiciliation officielle à Béjaïa du Festival international du théâtre que l'Algérie organise chaque année.