A l'occasion de la célébration de la Journée nationale de l'artiste, le Théâtre régional Malek-Bouguermouh organise un hommage à Azzeddine Medjoubi et Boubekeur Mekhoukh Une rencontre symbolique à deux hommes au destin similaire qui, à travers leurs œuvres, ont réveillé des consciences brûlées pour que d'autres s'éclairent. Si Mekhoukh était davantage réputé pour être un homme de l'ombre, Medjoubi, lui, était souvent sous les feux de la rampe et un géant de la scène. En fait, l'un produisait, l'autre interprétait. Le destin a voulu qu'ils se rencontrent souvent au TNA, au TR Batna et au TR Béjaïa, un destin qui a fait aussi qu'ils quittent la vie très tôt, l'un assassiné en 1995 aux portes du TNA, l'autre en 1998 à l'âge d'une maturité avérée. Azzeddine Medjoubi Homme à la voix de stentor, il était à la fois acteur de cinéma, TV, radio mais aussi très doué sur les planches et les rôles ayant lieu avec le mal-être. Il jouera dans les bas fonds, «Bab el foutouh», «Galou laârab galou», «Hafila tassir», «El Ayta», «Hissaristan»... Il adaptera aussi et mettra sur scène «Ghabou lafkar, Aâlem el baouch» et «El houinta» (Jeanne Worms). Il quittera le TNA en 1989 pour Mesrah el qalâa et aura à gérer les théâtres de Batna et de Béjaïa, avant de revenir au TNA en 1994. Le 13 février 1995, il tombe comme sont tombés de grands hommes du théâtre tel Alloula, tués par ceux qui voulaient réduire au silence l'émergence de l'art, mais on ne tue pas l'artiste, il renaît de ses cendres tel un sphynx. Boubekeur Mekhoukh Véritable exemple de générosité, l'enfant de Tifilkout a embrassé une carrière de dramaturge à l'issue d'études menées en France en 1989/90 à l'Ecole du mime corporel dramaturgique. Il écrira pour les TRO, TNA, TRB et TRA et le studio Bachtarzi de Chlef. C'est à Annaba que sa carrière a pris un essor certain en ne cessant d'innover et d'explorer des sujets récurrents. Il travaillait dans plusieurs langues : l'arabe, le français, l'anglais, l'italien. Sa première adaptation fut «Mercenaires» de Laadi Flici en 1978 puis, en 1984, ce sera «Hafila tassir» d'Ihssen Abdelqadous, puis «Ghabou lafkar» d'après les émigrés de M'Rozek. De 1984 à 1996, les distinctions pleuvent sur l'auteur tant pour le théâtre en général que celui de l'enfance dans lequel il excella. Il était, entre autres, membre de l'ONDA. Le 5 juin 1998, il décède en France à un âge mature et une expérimentation durement acquise qui ont fait de lui un monument du théâtre algérien et international.