La grève de la faim menée par des greffiers n'a pas laissé sans réaction les défenseurs des droits de l'homme. Dans un communiqué commun rendu public jeudi, des organisations et associations de défense des droits humains expriment «leur profonde inquiétude face aux atteintes aux droits syndicaux en Algérie». Il s'agit du Réseau euroméditerranéen des droits de l'homme (REMDH), du Collectif des familles de disparu(e)s en Algérie (CFDA), de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), du Syndicat national autonome du personnel de l'administration publique (Snapap), du Syndicat national autonome des travailleurs de fabrication et transformation de papier et emballage (SNAT-FTPE), du Réseau des avocats pour la défense des droits de l'Homme (RADDH), de Agir pour le changement démocratique en Algérie (ACDA) et de Associazione Ricreativa e Culturale Italiana (ARCI). «Depuis le mois d'avril, les fonctionnaires du secteur de la justice poursuivent leur mobilisation pour protester contre le refus du ministre de la Justice de donner suite aux plaintes déposées par les employés du ministère ainsi que de dialoguer avec les représentants de la fédération. La grève générale, déclarée par la fédération en avril, a été suivie, selon nos informations, à 95 % par les travailleurs du secteur de la justice. Les manifestations qui se sont succédé ont été systématiquement réprimées par la police. Les femmes, qui représentent la majorité des travailleurs dans ce secteur, sont confrontées comme les hommes à la répression, la violence des forces de l'ordre, les arrestations, la suspension arbitraire du poste de travail et d'autres actes de harcèlement et d'intimidation», note le communiqué en rappelant que depuis plus d'un mois, 8 dirigeants syndicaux dont 6 femmes de la Fédération nationale de la justice, affiliée au Snapap, observent une grève de la faim. «Dans la nuit du 9 juin 2012, plus de 50 policiers en civil ont violemment évacué les sept syndicalistes qui occupaient depuis trois jours la rue devant la maison de la presse Tahar Djaout à Alger pour manifester leur solidarité avec les grévistes et attirer l'attention de l'opinion publique sur leur situation. A l'heure actuelle, nos organisations s'inquiètent de l'état de santé très critique des huit grévistes et expriment leur entière solidarité avec les fonctionnaires de la justice et la lutte qu'ils mènent pour faire valoir leurs droits et leurs revendications socioprofessionnelles légitimes», précise encore le même communiqué. Les organisations signataires de ce communiqué demandent aux autorités algériennes de «garantir la liberté d'expression et de manifestation de l'ensemble des syndicalistes et défenseurs des droits de l'homme en Algérie qui revendiquent leurs droits de manière pacifique et de garantir en toute circonstance l'intégrité physique et psychologique des syndicalistes et défenseurs des droits de l'homme en Algérie». Le réseau des défenseurs des droits humains demande aussi le respect du droit de grève inscrit dans la convention 87 de l'Organisation internationale du travail (OIT) ratifiée par l'Algérie et que les autorités algériennes mettent «en œuvre les engagements internationaux pris par l'Algérie, notamment le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques».