L'histoire d'amour entre Hamsi Boubekeur et la station Lemonnier de Bruxelles. Le 22 juin, Béjaïa rendra hommage à Hamsi Boubekeur, natif de la ville, par la diffusion, suivie d'un débat, du documentaire Une empreinte de la vie (42') d'Yves Gervais et Stéphanie Meyer sur la transformation de la station Lemonnier à Bruxelles. Dès leur arrivée dans la station, proche de la Gare internationale du Midi, les voyageurs sont accueillis par des dessins de mains géantes, ouvertes, tendues et prêtes à donner, ornées de dessins puisés de la tradition picturale berbère. Des mains, symboles du don et du contre-don, d'échange et de partage. Des mains souhaitant la bienvenue, appréhendées comme symbole de protection contre le mauvais œil, la malchance et comme source de bien-être. Ces «empreintes de la vie» ont été dessinées et immortalisées par Hamsi Boubekeur, peintre d'origine algérienne vivant en Belgique. Au commencement : la volonté de transmettre un message de paix, de non-violence, de respect de l'autre et des droits humains. Objectif : faire de ce rêve une réalité transcendant les frontières et les appartenances diverses. Après moult réflexions, l'artiste «accouche» d'un projet intitulé «Les Mains de l'Espoir» qui prend de l'ampleur en Belgique et dans le monde. Porté et animé par l'association Afous, créée en 1995, le projet prend la forme d'une «Ronde de la Paix» suscitant un grand intérêt à travers nombre d'expositions de mains dessinées par des enfants et des adultes et, parmi eux, des personnalités : Yasser Arafat, Barbara Hendricks, Albert Jacquart et bien d'autres hommes et femmes favorables à l'appel de Paix lancé par Hamsi Boubekeur. Alors que la colombe poursuit son périple, les autorités belges sollicitent en 1998 Hamsi Boubekeur pour décorer la station Lemonnier. L'artiste réalise alors une œuvre déclinée en une quarantaine de mains appartenant à des ami(e)s et peintes sur des panneaux de multiplex marin coordonnés en trois ensembles de cinq mètres de haut accrochés aux parois des quais. Le 14 décembre 1999, la station est inaugurée en présence de personnalités belges et algériennes : «Je me souviens de ces mains. Elles ont laissé leurs empreintes sur moi. Elles m'ont transformée. Depuis, les voyageurs me regardent autrement. Certains passants s'arrêtent même pour me contempler», raconte la voix qui commente le film, endossant le rôle de la station se confiant au spectateur. Au fil des ans, la station se dégrade sous l'effet de la pollution et de l'humidité. Sa rénovation devient nécessaire. Et voilà que la voix de la station ressurgit : «Au bout de huit ans, je me sens un peu oubliée, abandonnée. Mes ornements se sont abîmés, salis… C'est l'occasion de m'embellir». En 2007, vient le temps du remplacement des panneaux en bois par un nouveau projet intégrant des dessins de mains et symboles proposant aux voyageurs «un parfum venu d'ailleurs». Mais, auparavant, il faut démonter les panneaux. Et la voix peinée nous parle de son désarroi : «Je vis à présent avec les fantômes de leurs silhouettes, autant de traces sur les murs». Cette transformation permettra à l'œuvre de bénéficier «d'un grand éclat et d'une longue espérance de vie» et ce, grâce à la sérigraphie sur tôle émaillée réalisée dans une usine allemande. Les dessins des mains sont scannés pour parvenir à des reproductions de trois mètres de haut. Ainsi, «une trentaine d'œuvres seront combinées, reproduites, agrandies dans seize dimensions différentes». Au total, 300 panneaux produits pour recouvrir les murs de la station que l'artiste rêve de rebaptiser «station du bien-être». Le peintre qui a suivi la métamorphose du début à la fin, manifeste sa joie : «C'est la première fois que je vois mes œuvres mises en images sur ordinateur et qu'elles vont être vues à des grandes et hautes dimensions». L'inauguration officielle du nouveau décor a lieu le 19 avril 2009. A cette occasion, Hamsi Boubekeur a expliqué que ses dessins représentent «un graphisme qui symbolise la fécondité, la peine, la vie...». Il ajoute : «Je pense que la vie est là, en face et qu'il ne faut pas être pessimiste. Toute cette vie, toutes ces couleurs, j'ai envie qu'elles sortent de mes œuvres et qu'elles se déversent dans les corps des gens. Dans leur esprit. Dans leur cœur...».