«71 opérateurs économiques établis en Kabylie ont délocalisé ces dernières années leurs activités vers d'autres wilayas», selon le président de l'APW. Le président de la Chambre de commerce de Tizi Ouzou plaide pour un plan de développement spécifique, incluant des solutions à l'insécurité. Cible privilégiée des activistes armés, entrepreneurs, industriels et commerçants ont fui la région de Tizi Ouzou pour s'installer sous des cieux plus cléments, garantissant des conditions d'investissement favorables. Les rapts ont été adoptés comme mode opératoire par les terroristes pour financer d'autres entreprises criminelles. De fortes rançons, jamais déclarées, ont été demandées aux familles des victimes. En 2005, le premier kidnapping a eu lieu dans la localité de Maâtkas, au sud de la wilaya, donnant suite à une série d'enlèvements effrénée. 67 personnes en ont fait les frais à ce jour. La psychose s'installe. Les investisseurs «ferment boutique» puis délocalisent leurs activités. «Le problème de l'insécurité est venu s'ajouter à d'autres contraintes que les investisseurs rencontrent. Le drame c'est qu'on se retrouve dans une situation ambiguë où cette insécurité handicapante pour l'investissement persiste uniquement dans la wilaya de Tizi Ouzou. Aujourd'hui, avec l'insécurité et les contraintes liées à la bureaucratie, à la viabilisation des zones industrielle, on peut parler de la paupérisation du tissu économique à Tizi Ouzou», a déclaré M. Medjkouh, président de la Chambre de commerce et d'industrie du Djurdjura. Confirmant plusieurs délocalisations, il a regretté «l'absence de mesures particulières envers les opérateurs ou d'un dispositif qui encouragera et permettra aux investisseurs de travailler dans un climat saint». Pour ce représentant des opérateurs de Tizi Ouzou, la solution doit passer par «un plan spécifique de développement pour les zones montagneuses dont un chapitre ou un volet qui apportera des solutions à ce problème qui empêche à développer leurs relations». Délocalisation forcée La délocalisation des investissements vers les autres wilayas est une réalité qui ne semble pas inquiéter les pouvoirs publics. Les retombées de la dégradation de la situation sécuritaire sont ressenties autant par les jeunes de la région que par les opérateurs, alimentant un climat social déjà au bord de l'asphyxie. Tizi Ouzou a enregistré, en 2011, 25% de taux de chômage – un chiffre qui ne reflète pas la réalité – soit le double de la moyenne nationale. L'insécurité qui y règne rebute, du reste, les investisseurs les plus émérites. Selon des chiffres officiels, publiés en 2011, le foncier industriel dans la wilaya compte 23 zones représentant 1656 lots, dont 881 seulement ont été affectés. Sur ce dernier chiffre, seules 100 entreprises sont en activité. Lors d'une rencontre organisée en janvier 2012, qui a regroupé le wali, les membres du Comité d'assistance à la localisation, à la promotion de l'investissement (Calpiref) et des porteurs de projets, l'écueil sécuritaire a été évoqué, mais sommairement. Menace terroriste et bureaucratie Les participants, qui activent dans des zones situées sur des axes routiers sécurisés, ont soulevé plutôt des problèmes d'ordre bureaucratique et technique qui s'opposent à leur entreprise et à la gestion des dossiers de création d'unités industrielles. Lors de la visite de l'ambassadeur américain, Henry S. Ensher, à Tizi Ouzou, le 22 mai dernier, le président de l'APW n'a pas manqué de rappeler à son hôte l'impact des enlèvements sur l'économie locale. «71 opérateurs économiques établis en Kabylie ont délocalisé ces dernières années leurs activités vers d'autres wilayas pour fuir le phénomène des kidnappings, qui ont semé la psychose parmi les industriels, les entrepreneurs et les commerçants», avait-il déclaré. Constatant l'absence totale de l'Etat sur le terrain, il a ajouté que la situation «dissuade même les partenaires étrangers désireux d'investir en Kabylie en s'inscrivant dans une dynamique d'association avec les partenaires locaux, en plus du chômage engendré dans la région».