La question de l'insécurité se pose avec acuité dans la wilaya de Tizi Ouzou, où le phénomène semble prendre des proportions inquiétantes, ces derniers temps. L'apparition de toutes sortes de banditisme complique le quotidien du citoyen, qui appréhende de se faire braquer à tout bout de champ. Au chef-lieu de wilaya, tout comme au niveau des localités éloignées, le constat est identique dans la mesure où des actes criminels, terroristes ou autres sont très souvent signalés. La recrudescence de la violence terroriste et le du grand banditisme ont exaspéré la population. Pis encore, un autre phénomène se propage dans la région. Il s'agit des kidnappings qui suscitent une véritable psychose. Dans la quasi-totalité des cas, les ravisseurs s'attaquent aux entrepreneurs, industriels et commerçants. L'on a ainsi relevé, depuis le début de l'année en cours, pas moins de cinq rapts. Cependant, jusque-là, aucune source n'a pu confirmer ou infirmer l'appartenance des auteurs des rapts en Kabylie. Seulement, certains attribuent ces actes aux terroristes affiliés au Gspc, alors que d'autres estiment que ces kidnappings sont l'œuvre de groupes de bandits organisés, faisant le lien avec le nombre important de véhicules subtilisés dans des faux barrages. Plus de 50 rapts ont été enregistrés à Tizi Ouzou depuis 2005. La semaine dernière, un commerçant de 34 ans a été enlevé par un groupe armé dans la commune de Fréha, à 30 km à l'est du chef-lieu de wilaya. Il a été libéré grâce à une grande mobilisation citoyenne. Ce énième kidnapping dans la région relance, une fois de plus, la problématique de l'insécurité. Des faux barrages et autres actes terroristes inquiètent sérieusement la population. Les éléments du GSPC reviennent toujours à la charge pour perpétrer des attentats. Le plus sanglant est celui qui avait ciblé, en octobre dernier, à Souk El Thenine, un fourgon de transport d'agents de sécurité de la société canadienne Lavalin, chargée des travaux du transfert des eaux du barrage Koudiat Acerdoune vers les communes du sud de la wilaya. Sept personnes avaient été assassinées lors de cette attaque. Le GSPC a de tout temps choisi la région comme zone de repli. Les groupes armés privilégient aujourd'hui les attentats à la bombe au bord des routes et les opérations kamikazes pour faire plus de dégâts. L'on se rappelle de l'attentat suicide perpétré contre un commissariat de police, en plein centre-ville de Tizi Ouzou. Un autre avait ciblé, l'année dernière, le siège de la garde communale de Tadmaït, faisant deux morts. Les hold-up se multiplient. Des banques et des agences postales sont attaquées parfois en plein jour. Cette situation pèse lourdement sur l'économie de la région. D'ailleurs, le taux de chômage atteint des proportions alarmantes. « Comment peut-on attirer des investisseurs avec un tel climat d'insécurité ? Tous ceux qui veulent venir ramener leur argent pour investir sont dissuadés par la situation. Beaucoup d'industriels et d'entrepreneurs ont quitté la région pour s'installer ailleurs », commente un jeune commerçant de Boghni, une ville qui a défrayé la chronique lorsqu'un vieil homme de 81 ans, ancien entrepreneur, a été enlevé en avril dernier. Il a fallu la mobilisation de la population pour qu'il soit libéré par ses ravisseurs après 20 jours de captivité. La situation sécuritaire conjuguée aux contraintes bureaucratiques pèse négativement sur les investisseurs. La situation de plusieurs zones d'activité demeure toujours non assainie. Dans certaines localités, des lots de terrain cédés à des particuliers pour l'investissement sont détournés de leur vocation initiale. Les jeunes promoteurs sont découragés. « Il faut faire des pieds et des mains pour avoir un projet dans le cadre de l'Ansej. Encore, si on passe l'étape de l'Ansej, le crédit bancaire est inaccessible pour ceux qui n'ont pas d'appuis », déplore un jeune rencontré devant le bureau de l'Ansej, à Tizi Ouzou.