Le jazz du groupe français Thôt est particulier. Il s'écoute par les oreilles, le cœur et l'esprit. Un jazz élaboré pour susciter la réflexion. Les amateurs du grand spectacle risquent d'être déçus. Constantine De notre envoyé spécial Lundi soir, au Théâtre régional de Constantine, le saxophoniste et compositeur Stéphan Payen, leader de Thôt, a invité ses amis le néerlandais Bo Van Der Werf, au saxophone baryton, et le français Sylvain Cathala, au saxophoniste ténor, pour un concert au dixième Festival international du jazz, Dimajazz. Le trio des cuivres était accompagné par Hubert Dupont à la basse, Gilles Coronado à la guitare et Christophe Lavergne à la batterie. Munis de leurs partitions, les trois saxophonistes ont interprété une musique tracée presque au millimètre. La lenteur rythmique était voulue par un Stéphan Payen fortement inspirée par la philosophie des musiques traditionnelles. « Tout ce qui groove, tout ce qui a du rythme n'existe pas dans la musique traditionnelle. C'est une autre façon de voir les choses. J'ai tout toujours eu de la fascination pour la musique de l'Afrique de l'Ouest. Quand les gens de la musique, il y a une discussion qui s'installe, des discours superposés. Derrière tout cela, il y a une logique », nous a expliqué Stéphan Payen après le spectacle. Selon lui, « le sujet de conversation » musical a changé avec l'invitation de Sylvain Cathala et Bo Van Der Werf . « Nous avons installé une conservation de sorte à ce qu'on puisse tous discuter(...) Nous avons un rapport à la mélodie différent. Nous avons peut être la chance d'avoir la liberté de faire cela et de dire que nous, nous voyons les choses comme cela», a-t-il ajouté soulignant que chaque musicien de Thôt a un parcours différent. « Nous avons mis longtemps à faire quelque chose tous les quatre (le groupe initial, ndlr). Nous essayons de construire une micro société », a-t-il noté. Pour Stéphan Payen, il y a toujours des manières d'écouter de la musique. « Cela ne veut pas dire qu'il y en a qu'une. Chacun va y chercher ce qu'il souhaite. Nous avons joué tous les six et chacun a écouté quelque chose de différent », a ajouté ce grand admirateur de John Coltrane, Charlie Parker, Duke Ellington, Ornette Coleman et Akamoon (Retrouvez dans notre édition de demain un article sur le concert du groupe belge Akamoon lundi soir au Dimajazz Constantine). « Nous voulons arrivez à une musique qui n'est pas fixe dans ce qu'elle veut raconter », a conclu Stéphan Payen