Moscou a douché les espoirs des Occidentaux, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, en affirmant hier que forcer le départ de Bachar Al Assad pour résoudre la crise en Syrie était une idée «irréalisable». Lavrov a même ajouté que plus de la moitié des Syriens soutiennent le président, son parti et sa politique, se basant sur les résultats des dernières élections controversées. Mardi, le président russe, Vladimir Poutine, avait déjà fait taire les rumeurs sur un changement de ligne au Kremlin, en rappelant à ses partenaires du G20 que «personne» n'a le droit de décider de qui peut exercer le pouvoir dans un pays tiers. Le soutien de Moscou à Damas n'est pas que diplomatique. Un cargo russe transportant des hélicoptères de combat MI-25 à destination de la Syrie a été intercepté au large de l'Ecosse et contraint à faire demi-tour. Le MV Alaed, battant pavillon de Curaçao, a été bloqué à son entrée dans l'Atlantique lorsque son assureur britannique a résilié sa police d'assurance et l'a convoqué pour une inspection, l'accusant de transporter des hélicoptères. Les autorités russes assument et vont même plus loin. Le cargo se dirige en effet vers son port d'attache de Mourmansk où il passera sous pavillon russe afin de ne plus risquer d'être intercepté. La Russie affirme qu'il s'agit d'hélicoptères livrés il y a des années et qui devaient être réparés. Quant aux anti-Assad, ils ne sont pas en reste. Le New York Times a rapporté hier que des agents de la CIA surveillent en Turquie des livraisons d'armes aux rebelles syriens. La Turquie, l'Arabie Saoudite et le Qatar fournissent l'opposition en matériel militaire à travers la frontière turque, et les Etats-Unis pourraient accroître leur aide en fournissant des photos satellite et d'autres informations sensibles. Par ailleurs, la journée d'hier a aussi été marquée par la première défection d'un pilote de chasse à bord de son appareil depuis le début de la révolte syrienne. L'avion, piloté par le colonel Hassan Merhi Al Hamadé, a quitté une base militaire du sud de la Syrie pour atterrir en Jordanie. Hamadé, dont la famille, originaire de Deir Ezzor, serait connue pour son combat contre le régime, a demandé l'asile politique à la Jordanie. Demande acceptée par le royaume hachémite qui accueille déjà plus de 120 000 réfugiés syriens. Sur le terrain enfin, le Comité international de la Croix-Rouge n'a toujours pas pu organiser l'évacuation des civils à Homs, alors que les combats ont fait au moins 93 morts hier, et que plus de 15 000 personnes seraient mortes depuis mars 2011.