En présence de Christine Ockrent, journaliste française, la conférence-débat du Women's forum qui s'est tenue, avant-hier, au palais de la Culture à Alger offrait une autre vision du développement des sociétés par les femmes. « Même si les hommes continuent de tenir les hiérarchies, il est important d'essayer de trouver des passerelles réalistes et concrètes entre hommes et femmes de sociétés et de cultures différentes. » Telle était la proposition formulée par Christine Ockrent, accompagnant Aude Zieseniss de Thuin, présidente du Women's Forum. « Dans ce monde globalisé où des fractures se creusent, c'est souvent par les femmes que se place le changement et c'est en investissant sur elles que l'on peut améliorer beaucoup d'aspects de nos sociétés », a-t-elle ajouté. Le forum, initié en octobre 2005 à Deauville, a rassemblé plus de 500 femmes venues de tous les pays. Chefs d'entreprises, chercheuses, intellectuelles, politiques, s'étaient données rendez-vous pour réfléchir à des possibilités concrètes d'influer sur les grandes décisions mondiales qui sont, pour l'heure, majoritairement prises par des hommes. Affirmant l'importance des femmes d'aujourd'hui qui « veulent concilier la vie de femme et la vie professionnelle, tout en influant sur les changements de la société », il a été souligné que c'est en se penchant sur les générations de femmes de 20-30 ans que la relève peut être assurée. « La visée du forum n'est pas revendicatrice d'un combat féministe. C'est dans la complémentarité des visions masculines et féminines que nous construirons un monde meilleur », a précisé Mme de Thuin. Le public, essentiellement féminin, composé d'intellectuelles, de responsables associatives, chefs d'entreprises, anciennes moujdahidate, a rappelé les combats menés par la femme en Algérie lors de la guerre de Libération nationale, et plus récemment sa résistance lors des années noires du terrorisme. Pourtant, la visée concrète de l'initiative de Women's Forum a eu du mal à être perçue par l'auditoire. Reprenant les mots de Mme Ockrent, une des participantes précisera : « Ce n'est pas un plafond de verre qui nous empêche d'affirmer notre vision des choses dans notre société, mais un mur de béton. » Même s'il est à déplorer que ces considérations de femmes éclairées se soient cantonnées à un cercle restreint du palais de la Culture, peut-être qu'elles donneront naissance, à long terme, à une génération d'« exécutive women » pesant de tout son poids sur les décisions, en Algérie et dans le monde.