L'entourage, notamment familial, doit adopter un ensemble de comportements emprunts de considération et de respect vis-à-vis de l'enfant autiste, qui l'aideraient à le sortir de son isolement. Des journées d'échanges scientifiques sur la prise en charge des enfants autistes, suivies d'une formation au profit des parents, des professionnels de la santé et de la solidarité ont été organisées au centre national de formation des personnels spécialisés des établissements pour handicapés (CNFPH), du 23 au 26 juin en cours à l'initiative de l'association Wafa pour les enfants autistes. Dans ce projet, financé par l'Union européenne et le programme concentré pluriacteurs algérien de l'association Djoussour, l'accent a été mis sur la nécessité absolue d'apprendre à l'entourage immédiat de l'enfant autiste- surtout les parents et la cellule familiale- un ensemble de comportements à adopter vis-à-vis de celui-ci pour l'aider à développer ses fonctions sensorielles, cognitives et linguistiques. A ce sujet, l'exemple du centre libanais, Ali For Aba, de diagnostic comportemental, d'apprentissage et de développement continu pour autistes, est édifiant. Sa responsable, Dr Chafica Mansour Gharbieh, a passé trois jours à orienter l'assistance (parents et personnel intéressé) sur le travail titanesque effectué au niveau de ce centre de réputation mondiale. Maman elle-même d'un enfant autiste, elle a acquis un diplôme supérieur d'enseignement des enfants en difficultés mentales. Dynamique, optimiste et chaleureuse, elle nous a livré quelques-unes de ses impressions: «Contrairement à l'idée répandue en milieu médical sur l'impossibilité de guérison complète, nous avons utilisé des techniques anglaises et américaines qui nous ont permis d'aider beaucoup d'enfants (4 sur 10 s'en sortent) à accéder à une vie normale et même à faire des études. Cette maladie est considérée comme taboue dans les sociétés arabes. Ces enfants sont juste différents des autres dans leur perception du monde, mais ils sont extrêmement doués.. Nous savons maintenant que par exemple Beethoven et Einstein étaient autistes.» Selon elle, aux USA, actuellement il y aurait un cas d'autisme sur 88 naissances/an. Le centre libanais propose un programme dense et soutenu, au quotidien, avec diverses techniques d'apprentissage et de préparation à travers des activités visant l'éveil des facultés intellectuelles de ces enfants, sous toutes leurs formes. L'hôte du pays du Cèdre a expliqué via des scènes filmées du centre Ali For Aba, l'utilisation continue de processus d'apprentissage ayant donné des résultats probants, comme par exemple la méthode dite ABA/VB, du savant Skinner, essentiellement basée sur l'approche comportementale pratique en tant que traitement global et opérant dont l'objectif est l'apprentissage des fonctions utilisées dans la vie de tous les jours qui aide à éliminer progressivement l'agressivité et autres troubles du comportement. Les parents et les praticiens que nous avons approchés se sont dits extrêmement satisfaits de cet atelier. Une psychologue clinicienne a déclaré à ce propos que cette méthode est absolument révolutionnaire, et qu'il faut vraiment s'y investir au vu de l'augmentation exponentielle de cette pathologie dans le monde, que d'aucuns imputent aux mutations environnementales, à une hygiène de vie anarchique et à de nouvelles habitudes alimentaires. Par ailleurs, la présidente de l'association Wafa, Mme Badia Boufama, a tenu à souligner que ces formations sont dispensées aux personnels de santé gratuitement. Elle lance, en outre, un appel aux autorités afin qu'elles dotent ces enfants d'un local plus adapté à leurs besoins.