Créée en 2004, en réaction à un vide quasi total en matière de prise en charge des enfants autistes, l'association Wafa de Constantine a réussi à jeter les fondements de la première école gérée par une association et destinée à cette catégorie de handicapés. Mal connu et souvent confondu avec la débilité mentale, l'autisme demeure insuffisamment pris en charge à Constantine qui abrite pourtant le plus important établissement national destiné aux handicapés, le Centre national de formation des personnels pour handicapés (Cnfph), en l'occurrence. Dans les centres psychopédagogiques, dont le nombre connaît un accroissement régulier ces dernières décennies, les autistes semblent ne pas avoir de place, relève Mme Boufama, la présidente de l'association Wafa. Les enfants qui ont la malchance de naître avec ce handicap sont donc souvent perçus comme «une malédiction, une honte qu'il faut cacher», affirme Mme Boufama, soutenant que certains parents vont «jusqu'à les cacher aux regards indiscrets». L'ouverture d'un service de pédopsychiatrie à l'hôpital psychiatrique de Djebel El-Ouahch a suscité un grand espoir chez les parents d'enfants autistes qui ont cependant été déçus de constater que ce service trouvait du mal à mettre sur pied l'équipe pluridisciplinaire nécessaire à la prise en charge de ce lourd handicap. Elle-même maman d'un enfant autiste, Mme Boufama a décidé de réagir à cette situation en créant une association qui, dit-elle, «va militer sans relâche pour essayer de combler, un tant soit peu, un vide qui pénalise grandement cette catégorie de handicapés et leurs parents». Aujourd'hui, l'association Wafa, qui compte parmi ses adhérents les parents d'une centaine d'enfants autistes, multiplie les actions visant à sensibiliser la société autour de ce handicap, ses symptômes et sa prise en charge. L'autisme touche, selon un document de l'association Wafa, un enfant sur mille et peut être diagnostiqué dès l'âge de trois ans. «Ce trouble ne peut être pris en charge que par un travail d'éducation et d'entraînement sous la supervision de psychologues, d'orthophonistes et d'éducateurs spécialisés, et c'est précisément le but de l'école qui vient d'être créée par notre association», a expliqué Mme Boufama.