Si la ministre de la Culture, Khalida Toumi, signe et persiste pour affirmer que certains scénographes algériens, installés à l'étranger, ont été contactés pour participer à la comédie musicale célébrant le cinquantième anniversaire de l'indépendance, certains d'entre eux déclarent, en revanche, qu'ils n'ont pas été sollicités. Dans l'une de nos précédentes éditions, nous avions posé la problématique du choix du chorégraphe libanais Abdelhamid Caracalla, alors que l'Algérie possède des énergies créatrices de talent. Il est certain que certains scénographes algériens, établis en Algérie ou ailleurs dans le monde, auraient pu apporter une collaboration appréciable pour la comédie musicale qui devait être jouée hier, 4 juillet, au Casif de Sidi Fredj. Le chorégraphe Kamel Ouali et le musicien Safy Boutella avaient caressé le rêve de présenter un projet bien ficelé à l'occasion du cinquantenaire de l'Algérie. Intervenant, vendredi, à l'ENTV, la ministre de la Culture a précisé que cinq chorégraphes algériens établis à l'étranger ont été contactés, dont Kamel Ouali. «Nous avons les emails comme preuve, mais nous n'avons jamais reçu de réponse au mail envoyé à Kamel Ouali, le 27 novembre 2011. Nous l'avons contacté le lendemain quand l'Office national de la culture et de l'information (ONCI) avait été chargé d'organiser l'événement (une comédie musicale). Ils n'ont jamais répondu. Donc, on a été obligés de contacter un autre chorégraphe (Abdelhalim Caracalla). Ce n'est que le 17 avril 2012 que Kamel Ouali a appelé. Il sait bien qu'on ne prépare pas un spectacle en deux mois. Safy Boutella, c'est un grand compositeur, musicien et arrangeur. Je pense qu'il n'est pas chorégraphe. Qu'il ne nous en veuille pas si on s'est adressé à des chorégraphes…», avait-elle indiqué en substance. Contacté une seconde fois par nos soins, Kamel Ouali dément formellement les propos de la ministre de la Culture : «J'aurais adoré travailler sur cette présente comédie musicale qui sera donnée en ouverture des festivités du cinquantenaire de l'indépendance, tout comme je l'ai fait pour le Panaf en 2009. J'ai été déçu de ne pas avoir été contacté. Je n'ai reçu aucune correspondance datée du 27 novembre 2011 par le ministère de la Culture», explique-t-il sur un ton posé. Notre interlocuteur reconnaît, en revanche, qu'il a effectivement contacté le ministère, en avril dernier, mais pour tout autre chose. «Je n'ai pas eu de suite. Et puis, ce n'était pas une obligation de me répondre. Je ne vais pas tergiverser là-dessus. Cependant, je tiens à souligner pour la deuxième fois au quotidien El Watan que j'ai travaillé pendant longtemps sur un projet sur le cinquantième anniversaire de l'indépendance, que je comptais soumettre au ministère de la Culture. J'ai tenté de les contacter par téléphone et par mail, mais sans succès. Je ne désespère pas pour autant, car il y a beaucoup de choses à faire en Algérie. Gageons que le spectacle du chorégraphe libanais soit à la hauteur des attentes du public algérien», conclut-il. Une autre question taraude l'esprit de plus d'un. Au-delà du fait qu'on ne cesse d'affirmer que l'Algérie ne détient pas beaucoup de scénographes, pourquoi les ministères de la Culture, des Moudjahiddine ou encore de la Jeunesse et des Sports — habilités à avaliser un projet quelconque — n'ont-ils pas pris en considération les centaines de projets d'opérettes et de comédies musicales réceptionnées, émanant de certains professionnels algériens en la matière. Sur quels critères un projet est-il retenu ? Plusieurs concernés, qui ont requis l'anonymat, estiment que la sélection du spectacle inaugural est «une affaire d'amitié et non d'art. Sinon, comment expliquer qu'on fasse appel à un concepteur libanais ? Comment expliquer qu'après 50 ans d'indépendance, on veut nous faire croire que nous n'avons pas d'artistes ? Quel est alors le rôle alors du ministère de la Culture».