A plus d'un mois avant El Mawlid Ennabaoui, les vendeurs de produits pyrotechniques commencent à se bousculer le long de certains quartiers de la capitale, réputés pour ce type de négoce. Un négoce rémunérateur qui revient, comme chaque année, engorger la voie publique et nourrir, à l'occasion, certains espaces publics des tirs détonants. Le pouls de cette activité somme toute frénétique - qui rapporte gros - est pris du côté de la rue Ali Amar (ex-Randon), un lieu qui se transforme en un véritable tohu-bohu que dope une surenchère cacophonique. Un endroit tout indiqué pour être vite envahi de petits nababs qui écoulent - sans être le moins du monde inquiétés - les pétards et autres joyeusetés fulminantes importés par les seigneurs de l'import-import. Ces derniers, tapis dans l'ombre, redoublent, une fois encore, d'ingéniosité pour réussir à passer entre les mailles de la douane. Les étals bien achalandés de ce produit interdit - depuis 1963 - narguent la puissance publique qui fait mine de ne pas voir ou préfère laisser faire. C'est selon. Les parents, toute bourse déliée, accourent faire leurs emplettes pour la circonstance pour répondre aux caprices de leur marmaille. Ils cafouillent au milieu de ce brouhaha, mettant au rancart l'esprit de l'événement et la quintessence du sceau des Prophètes. Même au prix d'éventuels risques, l'essentiel, disent-ils, est de créer la sensation dans une ambiance flamboyante et, accessoirement, donner matière aux joyeux drilles de batifoler et faire feu de tout bois. Là où çà donne le haut-le-corps, ce n'est peut-être pas l'insignifiant petit pétard ou les feux de Bengale, visiblement sans gravité, mais cette bombe ou cette double bombe que le vendeur exhibe fièrement non sans faire dessiller les yeux de l'innocent garnement qui trémousse avant de l'acheter pour faire joujou.