A Oran, depuis le début de l'année, plus d'une trentaine de femmes ont été victimes d'actes de violence. Selon les statistiques des services des urgences du CHUO, ce chiffre est une goutte d'eau dans un océan. Il ne reflète en aucun cas la réalité au quotidien des femmes. Certaines victimes restent cloîtrées chez elles. Des médecins privés affirment que le nombre de femmes battues, victimes d'agressions sexuelles, parfois par des membres de la même famille, de viols, de tentatives de suicide et de fugues du domicile familial atteignent des proportions alarmantes. De peur de représailles, ces femmes victimes évitent de dénoncer leurs agresseurs. A Arzew, trois jeunes filles ont été séquestrées par trois dangereux délinquants qui ont été appréhendés par la police. Pour celles qui sont victimes de vols à l'arraché, chaque jour, elles se comptent par dizaines, si ce n'est pas plus. Un autre phénomène à relever, c'est celui des cas de suicide qui tend, lui aussi, à prendre des proportions inquiétantes. Une femme a mis fin à ses jours en se jetant du haut du balcon du boulevard Front de mer, le mois dernier. Les services du SAMU sont sollicités pratiquement chaque jour pour intervenir dans de telles situations. De nombreuses femmes, particulièrement des jeunes filles, ont recours à l'absorption de médicaments ou autres produits toxiques pour se donner la mort. Pour le seul mois de janvier dernier, les services de la protection civile ont eu à intervenir dans une dizaine de cas d'intoxication souvent volontaires. Selon des associations féminines locales, le sujet étant tabou, dans une société qui tient à ses traditions, il est difficile d'établir un bilan, porter assistance ou assurer une prise en charge à ces victimes. L'environnement familial dans cette situation, y est pour beaucoup. Dans cette situation, la femme ou la jeune fille est souvent la victime du père, de l'entourage ou du mari. Par ailleurs, un autre phénomène a pris de l'ampleur à Oran et sur la corniche oranaise, particulièrement durant chaque saison estivale, relatif aux nombreuses jeunes filles de l'intérieur du pays qui quittent leurs régions respectives pour se réfugier sur la côte oranaise et s'adonner à toutes sortes de vices. A l'occasion de la journée internationale de la femme, l'AFEPEC soufflera, aujourd'hui, ses 17 bougies. Un anniversaire, un long parcours marqué par des engagements et des revendications pour la mise en place de lois égalitaires. Un combat au quotidien Depuis sa création le 8 mars 1989, elle organise des actions de solidarité avec les femmes en difficultés et n'a jamais cessé de dénoncer le Code de la famille qui « est un premier obstacle à l'accès des femmes à la citoyenneté. » Ce code qui a fait l'objet d'amendements en 2005, multiplie les discriminations à l'encontre des femmes. L'AFEPEC propose pour aujourd'hui et demain un travail de réflexion et de recherche autour du nouveau Code de la Famille, à travers de nombreuses activités socioculturelles et un atelier autour du thème : « Quel statut juridique pour une citoyenneté pleine et entière des femmes ». Dans un communiqué rendu public hier, l'AFEPEC dénonce « la décision du gouvernement de reporter la visite de la rapporteuse spéciale de la Commission des Droits de l'Homme des Nations Unies chargées de la question des violences faites aux femmes. » Dans le même texte, elle dénonce « le maintien du code de la famille » qu'elle considère comme « une honte pour l'histoire de notre pays, une insulte à la mémoire de celles qui ont sacrifié leur vie pour la liberté et la dignité. » L'association interpelle les pouvoirs publics sur « la quête de justice des milliers de femmes violées par les terroristes intégristes » qui « jouissent d'une impunité grâce à une réconciliation sans vérité ni justice », « la quête de justice des suppliciées de Hassi Messaoud, les violences multiformes subies par les femmes dans la famille, dans la rue et sur les lieux de travail. » Enfin, l'AFEPEC, en cette journée de la femme, dénonce « l'exigence de certificat de virginité par des maires qui s'érigent en gardiens de la morale ? » Elle exige du ministère de l'intérieur des mesures urgentes et strictes pour que cette pratique scandaleuse cesse et pour que les maires concernés soient immédiatement rappelés à l'ordre.