Les dernières statistiques font ressortir 16 cas d'homicide volontaire. La violence contre les femmes prend des proportions alarmantes dans notre société. Quelque 3865 femmes ont été victimes de violence au niveau national durant le premier semestre 2006. C'est ce que nous a annoncé, hier, en exclusivité Mme Messaoudène, commissaire de police et présidente du bureau de la protection de l'enfance à la direction de la police judiciaire. Alors qu'il était estimé à 1762 agressions physiques, durant le premier trimestre de l'année, le nombre a fortement doublé durant le second trimestre pour atteindre les 3865 soit une augmentation de 19% en trois mois. Cette progression de la violence dans les foyers est très inquiétante pour ne pas dire menaçante. Ce n'est pas tout, les dernières statistiques font ressortir également que 16 cas d'homicide volontaire ont été enregistrés durant la même période pour des raisons de mauvais traitements et d'agression par le conjoint. Ces statistiques démontrent bien que les femmes subissent le calvaire et que le problème de la violence est trop répandu dans les familles algériennes. Preuve en est, la violence physique représente la majorité des cas enregistrés avec 2497 cas d'agression et 1070 pour mauvais traitements de la part des proches. Derrière ces chiffres se cache une multitude de violences conjugales qu'on ne veut pas toujours voir. Selon l'enquête, les époux sont en grande partie responsables de ces agressions et représentent 13% des cas enregistrés. Il faut reconnaître que ces chiffres déjà terrifiants sont loin de refléter la réalité. La dénonciation des agressions conjugales demeure toujours un sujet tabou dans notre société. Beaucoup de femmes battues sont découragées et ne parviennent pas à entamer des poursuites judiciaires contre leurs époux. C'est ce que reconnaît, justement, la commissaire de police qui affirme que les femmes «préfèrent taire leur agression en raison de l'attachement des familles algériennes aux traditions». «Généralement, les femmes renoncent souvent à porter plainte contre leur agresseur», poursuit-elle. Notre interlocutrice précise «qu'au cas où la victime porte plainte, elle est auditionnée par les services de police qui enregistrent ses déclarations et s'assurent de la validité du certificat médical par le médecin légiste. Ils procèdent par la suite à la convocation ou à l'arrestation de l'agresseur et à son audition (procès-verbal) avant de présenter le dossier et les deux parties ou les parties devant le tribunal». A l'instar des agressions conjugales, la femme fait l'objet d'autres agressions. Même en dehors de son foyer elle n'est pas à l'abri. Celle-ci est également menacée et harcelée dans son milieu de travail. Le plus étonnant est de constater que parmi le nombre total des agressions signalées, 158 cas sont liés à l'harcèlement sexuel. Cela démontre malheureusement que les rapports de travail dans le milieu professionnel se sont nettement dégradés ces derniers temps. Il y a également les agressions dans la rue qui représentent 74% des cas. Ces agressions ont été signalées dans les grandes villes du pays. La capitale, Alger, vient en tête de liste avec 533 femmes victimes, suivie de Annaba avec 358 cas et Oran avec 229 cas. Les statistiques sont certainement plus effrayantes dans les petites villes où l'on constate un manque de sensibilisation.