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joyaux à la casse
Tombouctou. Martyre de la terreur inculte
Publié dans El Watan le 07 - 07 - 2012

Cette ville millénaire a toujours été la fierté du Mali et un haut lieu de l'Islam.
Surnommée «la perle du désert», la ville de Tombouctou est tombée entre les mains d'islamistes intégristes incultes, créant le chaos dans le nord du Mali, pays musulman traditionnellement paisible, ouvert à toutes les cultures en demeurant authentiquement africain. Les Maliens sont hospitaliers. Même dans la pauvreté, ils vous donneront tout ce qu'ils ont, au nom de la fraternité et du partage. Depuis début avril, conséquence de la déstabilisation de la Libye, les intégristes islamistes sèment la terreur à Tombouctou, Gao et Kidal. A Tombouctou, ils passent à la vitesse supérieure, détruisant systématiquement les joyaux architecturaux de la ville, sans réaction active de la communauté internationale, même si les condamnations affluent. Peut-on les laisser agir ainsi dans l'impunité ?
Il est évident qu'ils n'hésiteront pas à poursuivre jusqu'au bout leur crime et ces mausolées culturels de l'Afrique seront à jamais détruits, comme les Buddha de Bamyan en Afghanistan. Nous le savons, les premières victimes des intégristes islamistes sont les femmes et la culture. Sans aucun état d'âme, ils procèdent, à chaque fois qu'ils en ont la possibilité, à la destruction de toute trace culturelle. La situation est grave !
Tombouctou a toujours été la fierté du Mali et un haut lieu de l'Islam, le bonheur des visiteurs des siècles durant, car son histoire est millénaire. Elle a été un carrefour commercial et culturel entre l'Afrique du Nord et l'Afrique sub-saharienne. Avec une histoire qui remonte au 12e siècle, la ville aux 333 saints témoigne de ce lien si précieux. Son nom provient de «Tim» (puits) et de Bouctou (nom d'une femme qui vivait près du puits). C'est le voyageur arabe, Abderrahmane Essaâdi, qui en a donné l'explication dans son célèbre ouvrage, «Tariq Essoudan». Au 14e siècle, les échanges entre les deux Afriques se sont prodigieusement développés avec le sel, l'or, les épices et les étoffes.
Le nord du Mali n'a jamais été un no man's land ni un espace-tampon, mais bien un lieu de rencontre et de culture comme en témoigne sa célèbre bibliothèque de manuscrits anciens qui, j'ose l'espérer, seront épargnés. Livres d'histoire et romans historiques décrivent cette richesse. Le Devoir de Violence, roman de Yambo Ouologuem, retrace l'histoire de l'Afrique de 1202 à 1947. Tombouctou y tient une place importante comme dans Ségou, de Maryse Condé, sur les racines culturelles africaines. L'écrivaine parle de produits fort appréciés tels que «les robes musulmanes, caftans, bottes, tissus d'Europe, de l'Espagne andalouse, objet d'ameublement marocains, tentures et tapisserie venus de la Mecque». Elle décrit les «marchands de Fès, de Marrakech, d'Alger, de Tripoli et de Tunis» qui traversent le désert. La beauté de Tombouctou est toujours décrite.
A l'époque médiévale, Tombouctou apparaît dans les récits des voyageurs arabes comme Ibn-Batouta et Léon l'Africain. Pour les Africains subsahariens, l'Islam vient du désert et sa propagation va de pair avec le commerce de l'or. L'historien T. Lewiski, dans Folies Orientalis, a répertorié des inédits relatifs aux premiers échanges transsahariens entre les commerçants ibadites et la somptueuse Tombouctou. Ces échanges vont se poursuivre à travers les siècles depuis Tahert, en Algérie, et Sijilmassa, au Maroc, dans une relation toujours fructueuse avec les peuples du Mali. En 1828, René Caillé part d'Alger vers Tombouctou que l'on disait gorgée d'or. Il publie alors Voyages à Tombouctou.
Tous ces voyageurs étaient fascinés par le patrimoine architectural de la ville qui a fait fi du temps jusqu'à l'arrivée des islamistes. L'échange s'est même établi au plan culinaire car à Tombouctou, on mange «la bouillie de mil le matin et le plat de couscous le midi». Devenue «reine du désert» avec l'Islam, ce haut lieu d'études théologiques risque de voir disparaître à jamais sa richesse. Les historiens arabes ont toujours parlé de Tarik El Fettah (l'ouverture) et de Tarik El Sudan (route du Soudan) qui passent par Tombouctou. C'est pourquoi il faut absolument la sauver en aidant nos amis maliens en désarroi devant, par exemple, la destruction à la hache de cette superbe porte de mosquée du 15e siècle ! A long terme, il y va de notre survie à tous.


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