Aïssa Kadri, sociologue et professeur à l'université Paris 8, a estimé, hier à Alger, que les mouvements sociaux algériens ne sont pas assez matures pour mettre en cause le régime en place. Intervenant lors du colloque international d'El Watan «Quel destin pour quelle Algérie ?», organisé à la salle Cosmos de Riadh El Feth, Aïssa Kadri pense que l'élite intellectuelle algérienne, de même que l'intelligentsia, se sont agrippées à la rente distribuée par le pouvoir. Du coup, les mouvements sociaux ne trouvent pas de soutien. En l'absence d'une autonomie de l'intelligentsia par rapport au régime, elle participe ainsi au blocage de l'émergence d'une vraie société civile. Au début de son intervention, le sociologue s'est opposé à l'idée d'une exception algérienne. L'Algérie n'a pas connu un vent de révolte comme en Tunisie ou en Egypte. Aïssa Kadri a énuméré les arguments soulevés pas des partisans du pouvoir, expliquant l'immobilisme de la population algérienne. Une frange affirme que les Algériens restent traumatisés par la décennie noire, tandis qu'une autre a présenté l'intervention de l'OTAN en Libye comme en étant le facteur déclenchant. Le conférencier rejette ces hypothèses et déclare pour sa part que la distribution de la rente n'éteindra jamais le feu des révoltes. A l'avenir, et il tire la sonnette d'alarme, «l'incendie se propagera», avertit le professeur Kadri.