Parmi les dissidents, il y a des membres du conseil national tels que Salem Boudjemaâ, Amar Ben Hamna, Mustapha Si Salah et Rabah Brahim. La crise dans laquelle s'est enferré le FFS débouche sur une nouvelle dissidence. Soixante cadres du parti, dont l'ex-premier secrétaire national et actuellement député, Karim Tabbou, ont signé, hier à Alger, leur acte de «rupture» avec leur famille politique. Ils ambitionnent d'engager la réflexion pour la création d'un cadre «mobilisateur et porteur d'aspirations de l'ensemble des Algériens». Création d'un nouveau parti politique ? Fort probable. «Mais la question n'est pas encore tranchée», soutiennent-ils. Parmi ces dissidents, il y a des membres du conseil national tels que Salem Boudjemaâ, Amar Ben Hamna, Mustapha Si Salah et Rabah Brahim. Ils figurent aussi dans l'équipe d'anciens membres de la direction du parti, dont Farida Messaoudi et Fairouz Bouamama qui est aussi membre du comité d'éthique du parti. Le maire de Rouiba, Marzouk Lakrouz, et son collègue de la commune de Tibane (Béjaïa), Zoheir Attouche, ainsi que des responsables locaux font partie du groupe. Une importante hémorragie pour le vieux parti de l'opposition. Les dissidents affirment «ne pas souhaiter en arriver là». «Nous n'avons jamais souhaité nous trouver dans cette radicalité vis-à-vis de notre ancien parti et de nos anciens camarades de lutte. Cependant, les contorsions et les déviations par lesquelles l'équipe dirigeante actuelle veut soumettre le parti à la logique totalitaire du pouvoir ne nous laissent guère le choix sur les décisions à prendre. Nous refusons de nous rendre complices des tractations menées à l'insu des militants et de l'opinion publique», déclare l'ancien premier secrétaire fédéral de Béjaïa, Farid Khelaf, qui a lu devant les journalistes la déclaration annonçant leur départ collectif du FFS. Pour ces militants, qui ont rejoint les rangs du parti durant les années 1990, il n'est plus possible de «construire une alternative démocratique et élargir le champ des libertés individuelles et collectives tout en servant d'instrument dans les jeux du sérail». Les signataires de la déclaration expriment leur refus de «devenir les otages des luttes d'appareil et de clans». Ils estiment que «l'actuelle direction a dévié le parti de sa ligne politique originelle». La participation du FFS aux législatives du 10 mai a laissé éclater au grand jour de graves dissensions en son sein. De nombreuses figures de proue du parti ont ouvertement accusé la direction «de compromission avec le pouvoir». Pour les dissidents, les élections législatives et les promesses de réformes n'ont pas réussi à faire changer le pouvoir dans ces habitudes «maffieuses et scabreuses». «Le système s'emploie à élargir sa clientèle et à trouver des alliés ‘de marque' pour briser toute velléité de changement, et ainsi assurer son maintien et sa domination (…)», assènent-ils. «Nous ne pouvons plus rester dans un parti qui cautionne la fraude» «Nous ne nous reconnaissons plus dans ce parti, le malaise est très profond. Il y a au sein de l'appareil ceux qui sont en train de construire un autre parti sous l'emballage du sigle FFS vendu au pouvoir. Le parti est aligné et de manière claire sur les positions du pouvoir», ajoute pour sa part l'ancien premier secrétaire national, Karim Tabbou. Selon lui, il n'est plus possible de rester à l'intérieur du parti et mener des «batailles d'arrière-garde». «Nous sommes victimes de l'arbitraire du pouvoir et des archaïsmes des appareils anciens et sclérosés», affirme-t-il. Plus offensif, Chabane Bouhitem, membre du conseil national de la fédération de Biskra, parle «d'une honte politique». «Une catastrophe qu'un parti comme le FFS se jette dans les bras du pouvoir», dénonce-t-il. Même état d'esprit chez le militant de Bordj Bou Arréridj, Réda Hamdani, qui considère que le FFS est «fini». «Après les élections législatives, nous avons pu observer une aliénation totale du FFS. Il est sorti carrément de sa ligne. Nous ne pouvons plus rester dans un parti qui cautionne la fraude électorale et qui se réjouit des résultats du Conseil constitutionnel. C'est une question d'ordre éthique. Le FFS fait partie du passé», enchaîne-t-il. Ancienne membre de la direction du parti et élue à l'APC de Tizi Ouzou, Farida Messaoudi dénonce, quant à elle, «un reniement idéologique». «Un parti de gauche qui est censé défendre les intérêts des couches les plus larges de la société s'embrouille dans des pratiques d'apparatchiks. Il s'est mis à défendre des options ultralibérales», reproche-t-elle en faisant allusion aux propos de Mohand Amokrane Chérifi devant le patron du FCE, à la veille des législatives. Interrogé sur la responsabilité du président du parti, Hocine Aït Ahmed, dans ce qu'il qualifie de «soumission du parti à la logique totalitaire du pouvoir», Karim Tabbou estime que «la gestion du FFS est confiée à un groupe au sein du parti». «L'actuel premier secrétaire national est marginalisé. C'est une façade. Nous ne sommes pas loin des schémas du pouvoir. Il suffit de demander qui fait usage de la fonction de président du parti pour comprendre cela», dit-il.