60 cadres nationaux et des élus dans les instances locales et wilayales ont démissionné collectivement hier du Front des forces socialistes (FFS). Dans une déclaration rendue publique, les démissionnaires ont choisi d'abandonner de militer au sein de ce parti pour se diriger vers un autre cadre «mobilisateur et porteur des aspirations de l'ensemble des Algériennes et des Algériens». «La réflexion est en cours. Nous voulons engager une large concertation avec la base militante pour bâtir un projet politique qui défiera l'ordre préétabli à l'intérieur et à l'extérieur du parti et pour nous faire sortir de ce sous-développement politique et moral», dira Karim Tabbou, ancien secrétaire national mis à l'écart par le président du parti à la veille des législatives. «On veut un projet enraciné dans la société et différent de l'appareil politique archaïque (...) Nous n'avons jamais souhaité nous trouver dans cette radicalisation vis-à vis de notre parti et de nos anciens camarades de lutte. Cependant, les contorsions et les déviations par laquelle l'équipe dirigeante actuelle veut soumettre le parti à la logique totalitaire du pouvoir ne nous laisse guère le choix sur les décisions à prendre», lit-on dans cette déclaration distribuée lors d'une rencontre à Alger. «Le malaise est très profond au FFS. Nous avons fait notre choix en connaissance de cause. Nous assumons pleinement notre décision de quitter le parti car nous refusons de nous engager ou de participer dans des guerres claniques déclenchées à l'intérieur du parti», affirme M. Tabbou, l'un des initiateurs de ce mouvement. Pour lui, la déclaration aurait pu «être signée par des centaines de cadres et militants du FFS qui sont déçus de ce qui se passe au parti et de ces dérives, mais nous avons choisi de la faire signer par des cadres qui s'assument et qui sont engagés pleinement pour l'ouverture d'un débat national sur l'avenir politique du pays et des libertés». Pour lui, cette nouvelle démarche ne s'inscrit pas dans la logique de «détruire le FFS». Vers un autre cadre mobilisateur Pour Farida Messaoudi, ancienne élue et membre du secrétariat national, «le FFS n'est plus le cadre adéquat pour mener une lutte citoyenne et défendre les droits et les libertés». «Nous sommes des militants politiques, c'est pour cela que nous avons choisi de trouver un autre espace pour exprimer nos idées et défendre nos idéaux», a-t-elle ajouté. «C'est notre premier acte de rupture avec le parti. C'est une étape qu'on a été obligé de franchir après tout ce qui s'est passé lors des législatives et les graves dérives que nous avons constatées», dira docteur Khalef, ancien secrétaire fédéral de Béjaïa. «Le FFS fait partie du passé. Nous respectons ses militants et son leader historique et nous souhaitons bon courage à tous ceux qui y croient encore». Réda Hamdani, avocat et militant à Bordj Bou Arréridj, dira que «les démissionnaires ont décidé de créer un nouveau mouvement et d'aller vers cette nouvelle aventure politique dans laquelle ils défendront les mêmes principes et idéaux qu'avait défendus le FFS avant qu'il ne dévie de sa ligne». Il affirme que le parti connaît «une crise d'éthique» et que «toutes les tentatives menées pour tenter de le sauver se sont avérées vaines». «Le dialogue est absent au sein du FFS. Nous nous sommes trouvés face à un mur et nous avons refusé de baisser le niveau aux insultes et échanges d'hostilités comme cela se pratique actuellement», dira M. Hamdani. Pour sa part, Chabane Bouhitème, membre du conseil national, élu au congrès, est allé plus loin en accusant le bureau national actuel «d'incompétent». «C'est une direction qui a transgressé les principes du FFS et l'a mis entre les mains du pouvoir». A propos du mouvement de dissidence géré par le groupe de Djamel Zenati, M. Tabbou parle d'«une divergence dans la démarche et les raisons de la situation actuelle du parti». «Nous refusons le principe de continuer de nous battre à l'intérieur du parti. Cela étant, toute initiative qui vise à installer un débat sur la situation du FFS est à encourager», dira M. Tabbou. Plusieurs autres militants comme M. Lakrouz, maire de Rouiba, Ali Ouakli, ancien membre du secrétariat national, Mme Bouamama sont signataires de cette déclaration. Y figure également M. Benchaba qui n'a pas encore signé mais qui adhère pleinement à l'idée.