Si lors de son intervention devant le Congrès américain mardi, le président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, a confirmé officiellement l'affaiblissement de l'économie américaine durant le premier trimestre, il n'a pas fait l'impasse sur un scandale, encore un autre, qui a mis en évidence des malversations commises par de grandes banques qui auraient manipulé le Libor. Pour le président de la Réserve, les révélations de manipulation du Libor sont très préoccupantes et risquent de saper la confiance des marchés. Le Libor est le taux interbancaire offert à Londres et par lequel les banques se prêtent de l'argent. Il est fixé quotidiennement. La manipulation viole les dispositions concurrentielles et permet aux banques, qui s'entendent pour manipuler, de dégager des plus-values. Un premier scandale a été révélé en 2011 par la banque suisse UBS. Pour bénéficier de la clémence de la justice américaine, UBS a révélé qu'elle s'était concertée avec d'autres institutions bancaires durant 3 années pour manipuler le Libor. Des liens existent entre le taux du Libor et les prêts que consentent les banques aux entreprises et aux particuliers. Et c'est là où le contrôle du régulateur intervient pour défendre les intérêts des clients des banques, qu'ils soient de simples citoyens ou des entreprises. A la fin du mois de juin dernier et pour mettre fin aux enquêtes des régulateurs britannique et américain dans la manipulation du Libor et de l'Euribor, entre 2005 et 2009, la banque britannique Barclays a annoncé qu'elle allait verser une amende de 290 millions de livres (360 millions d'euros). Cette annonce et les enquêtes qui se poursuivent, y compris au niveau du Sénat américain, ont entraîné une vague de révélations assez graves et où les autorités bancaires sont montrées du doigt. Ainsi, l'adjoint du patron de la banque Barclays, démissionnaire, a révélé que la manipulation se faisait sur ordre du PDG, Bob Diamond. Interrogé lundi dernier par un comité parlementaire britannique, Jerry Del Missier a contredit le témoignage de son ancien patron devant la même institution pour déclarer que Bob Diamond lui avait dit «qu'il y avait des pressions politiques autour de la santé de Barclays et que nous devions déclarer un taux de Libor plus bas qu'en réalité». Depuis 2008, les scandales sur les activités des grandes banques internationales sont devenus monnaie courante et les gouvernements semblent impuissants devant la toute-puissance du pouvoir financier.