Le secteur bancaire mondial est entré dans une nouvelle phase de crise avec le scandale des manipulations des taux interbancaires Libor et Euribor, auxquelles se seraient livrés certains établissements financiers pour assurer leur survie financière durant la tourmente des subprimes.Affaire d'ampleur mondiale, la manipulation des taux interbancaires Libor (London interbank offered rate) servant de référence à quelques 350 000 milliards de dollars de produits financiers, ainsi que l'Euribor (Euro interbank offered rate) a été le fait d'un panel de banques qui se prêtent des fonds entre elles. Les doigts accusateurs sont pointés sur les banques Barclays, Hsbc, Citigroup, Royal bank of Scotland et UBS. La révélation de ces manipulations délictueuses a donné lieu à l'ouverture d'une enquête pénale.L'objectif de cette démarche, selon la banque Barclays, était principalement de masquer au début de la crise des crédits hypothécaires ses difficultés de financements qui auraient menacé sa solvabilité à un moment où le système bancaire mondial rampait après la faillite de Lehman Brothers.Le Libor et l'Euribor correspondent à des taux moyens communiqués quotidiennement sur la base desquels de grandes banques établies à Londres prêtent de l'argent à d'autres. Ils sont fixés une fois par jour par l'Association des banquiers britanniques (BBA) pour le Libor et la Fédération bancaire européenne (FBE) pour l'Euribor. Il existe un taux Libor pour dix devises qui sont le dollar américain, australien, canadien, néo-zélandais, la livre sterling, le yen, le franc suisse, la couronne danoise, suédoise et l'Euro. Ainsi la valeur du Libor ne prend son sens que si toutes les banques sont très proches de cette moyenne. La crise de 2008 qui a fait exploser les écarts des banques a poussé les marchés à rechercher une alternative au Libor afin de mieux renvoyer le véritable coût de l'emprunt.En clair, quand l'économie mondiale se porte bien, les banques sont tentées de relever ces taux pour prêter plus cher et dégager de meilleurs rendements, par contre quand l'économie vacille, celles-ci sont moins solvables, hésitent à se prêter entre-elles et donc annoncent des taux Libor faibles pour limiter les dégâts. Premier maillon accusé dans la chaîne des coupables, la banque Barclays a reconnu s'être livrée pendant quatre ans à des manipulations de ces taux visant à gonfler ses profits, limiter ses pertes puis préserver son image. Epinglée par la Commodity futures trading commission (Cftc), un régulateur financier américain, Barclays a révélé, mercredi dernier, qu'elle allait payer l'équivalent de 290 millions de livres - soit environ 360 millions d'euros - pour mettre fin aux enquêtes des régulateurs britannique et américain dans cette affaire. APS