Les trois plages de Tigzirt, à 40 km au nord de Tizi Ouzou, ont accueilli quelque 800 000 visiteurs depuis le début de la saison estivale, nous a indiqué mercredi dernier le directeur de l'office local du tourisme, Mohamed Azzouz. En moyenne, ce sont pas moins de 20 000 estivants/jour qui sont recensés. Le week-end, cette charmante ville balnéaire en enregistre le double, rendant quasi impossible la circulation automobile et piétonne, a-t-on constaté. Le grand rush est enregistré en ce mois de juillet où l'antique ville romaine, Iomnium, est prise d'assaut par les vacanciers venant de plusieurs wilayas du pays. Cette affluence record résulte non seulement des pics de chaleur, mais aussi de la réouverture à la circulation de la RN 24 reliant Tigzirt et Dellys (Boumerdès), près de 20 ans après sa fermeture pour des raisons sécuritaires. L'autre destination de prédilection des visiteurs en cette période de l'année est le site archéologique datant de l'époque romaine. L'entrée est fixée à 20 DA. La première structure d'occupation romaine à Tigzirt est un casernement fortifié qui date de 147 après J. C., construit sous l'ordre de l'empereur Antoine le Pieux, afin de réprimer les insurrections et les rebellions des Berbères contre l'occupation romaine de l'Afrique du Nord. A la conquête des Vandales, au Ve siècle, la cité antique fut détruite, incendiée, pillée puis abandonnée complètement.Au VIe siècle, les Byzantins ont construit leur cité sur la partie nord de la ville romaine. Parmi les monuments de cette période, la grande basilique chrétienne et ses annexes, le fort, l'huilerie et les traces de l'enceinte. En 2007, des travaux de restauration et de remise en l'état ont été effectués par la direction de la culture de Tizi Ouzou, suite aux importantes dégradations subies par les différents monuments. Le site archéologique de Tigzirt a été classé parmi les monuments historiques en 1994. Une agence d'archéologie a ouvert sur les lieux pour gérer le site et l'entretenir. Le jardin de détente du port connaît lui aussi un afflux de promeneurs en quête de fraîcheur et de tranquillité. Des stands pour la vente d'objets artisanaux et de gâteaux traditionnels ont été mis en place. Les visiteurs peuvent aussi siroter du bon thé préparé par les mains expertes de Moulay El Hocine d'Adrar sous sa kheïma (tente traditionnelle) ou en plein air. Les «qaâdate» sur des tapis anciens faits à base de laine de chameau, à trois mètres de la mer, sont conviviales. A Quand un tourisme des quatre saisons ? En plus de ce breuvage des connaisseurs «made in Sahara», très prisé par les consommateurs, le maître des lieux prévoit pour les soirées du Ramadhan des barbecues. Au menu, méchoui à la braise et du «taguila», un pain cuit dans du sable. A Tigzirt, ville hospitalière, le touriste a l'embarras du choix pour découvrir toute la beauté de ses sites. Pour égayer les soirées des estivants, un programme culturel et artistique varié a été élaboré par la direction de la culture de la wilaya. «Nous avons une très belle région. Le tourisme en Kabylie doit se conjuguer aux quatre saisons. Nous ne devons plus parler de saison estivale, mais de saison touristique», nous dira Mohamed Azzouz, ancien cadre du secteur du tourisme. Il estime toutefois que le tourisme haut de gamme proposé actuellement n'est pas à la portée des modestes bourses : «On doit encourager le tourisme populaire. Une famille de six personnes ne peut pas se permettre une chambre d'hôtel à 9000 DA en pension complète.» S'agissant des infrastructures d'accueil, il a indiqué : «La ville de Tigzirt dispose de 9 hôtels d'une capacité d'accueil de 400 lits, cela reste insuffisant pour répondre à la forte demande constatée durant la saison estivale.» Il déplore aussi la fermeture à la baignade de trois plages à Iflissen «en raison de leur éloignement du centre urbain». Pour une meilleure attraction touristique, ce responsable préconise l'aménagement du front de mer entre la Grande plage et la plage Feraoun. La création de camps de toile pour encourager le tourisme populaire est également souhaitée. «Le port de plaisance peut être exploité pour l'organisation de sorties en mer entre Tigzirt, Azeffoun, Dellys et Béjaïa. Il faut aussi réhabiliter les fêtes religieuses de notre région, notamment celle de la zaouïa de Sidi Boubekeur qui, dans un passé récent, drainait beaucoup de monde», conclut le directeur de l'office du tourisme de Tigzirt et président de la Fédération nationale des offices de tourisme.