Poutine est applaudi à Moscou, New York comme à Alger. Bush est applaudi à Washington, Londres, comme à Alger. Si au XXe siècle, les libérateurs constituaient la référence, protecteurs des travailleurs et des libertés, progressistes « épanouisseurs » de peuples et refondateurs de citoyenneté, le XXIe siècle a tout changé. Les stars d'aujourd'hui, modèles réactionnaires de dirigeants « forts » et lucides, ont tourné le dos aux avancées morales du XXe siècle et repris le contrôle de la planète en prenant l'autoroute de l'histoire à contresens. Ils s'appellent Bush, Poutine, Sarkozy et s'appellent aussi Bouteflika. Ultranationalistes fascisants, ennemis des libertés et populistes, oligarques despotes et intrigants pour la « bonne cause », ils embrasent les foules nostalgiques par du discours précuit. Car à la base, il y a les masses. Ce sont elles, en Russie, aux USA ou en Algérie, qui ont tué l'esprit du XXe siècle. Les Algériens, comme les Américains ou les Russes, estiment aujourd'hui que les libertés sont non seulement un luxe négociable, mais surtout une source de danger. Poutine a fermé plusieurs journaux et contrôle toutes les oppositions. Tout comme Bouteflika. Poutine a fabriqué de la fausse ouverture économique en privilégiant les cercles d'affaires amis et proches. Tout comme Bouteflika. Que doivent-ils se dire en descendant la rue Didouche, du nom de cet héros émancipateur du XXe siècle ? Qu'il y a du bon dans ce nouveau siècle. Poutine, ex-agent du KGB, était moralement déclassé au siècle dernier. Bouteflika, ex-garant de la SM, était éthiquement marginalisé au siècle dernier. Ils sont tous revenus, par la grande porte. Les peuples n'aiment plus les libertés. Du pain tendre avec du fromage suisse dedans, c'est plus concret. Un téléphone portable finlandais pour raconter ses rêves enfouis, c'est plus sérieux.