A moins d'un coup de théâtre de dernière minute, le président irakien Saddam Hussein va camper sur ses positions de ne pas quitter le territoire irakien avec sa famille. Qui plus est, le Parlement irakien a exhorté la nation à s'unir derrière son président. En effet, les députés irakiens, réunis en session extraordinaire hier, ont adressé une lettre d'allégeance à Saddam Hussein: «Nous te promettons que nous suivrons la voie de l'héroïsme et du martyre et que nous serons tous des martyrs défendant l'Irak». Un groupe de parlementaires a même entonné sous les applaudissements un chant à la gloire de Saddam Hussein: «Nous sacrifierons notre sang et notre âme pour Saddam». A l'issue de cette session, le président du Parlement, Saâdoun Hammadi, a affirmé qu'il était impensable que Saddam Hussein «quitte le pays malgré l'offre saoudienne d'un exil pour le président irakien et sa famille». On se souvient qu'en 1991, à la veille de lancer ses premiers missiles contre Bagdad, le président George Bush père avait affirmé que le nouvel ordre mondial était en marche. Mais ce qui pouvait apparaître comme logique à l'époque, s'agissant de libérer un petit pays envahi comme le Koweït, n'a plus lieu d'être aujourd'hui et ne trouve aucune justification. Comment peut-on oser parler encore de nouvel ordre mondial bâti sur la politique de la canonnière et de la force brutale? Comment peut-on se permettre de fouler au pied le droit international, de s'ingérer à coup de bombes à fragmentation dans les affaires intérieures d'un pays souverain? C'est tout simplement de la folie! Toutes les guerres coloniales du XXe siècle et tous les sacrifices qui ont été consentis par les peuples n'avaient qu'un seul objectif: avoir le droit de décider de son devenir! De désigner en toute liberté ses représentants et ses dirigeants. Même quand ces gouvernants sont taxés de dictateurs, il n'appartient pas à la communauté internationale, qui plus est à une puissance tierce, de décider de les démettre et de désigner d'autres à leur place. Ce qui s'est passé en Afghanistan pouvait à la limite se justifier, le régime des talibans abritant les bases-arrière du terrorisme mondial, et les Nations unies ont voté la résolution qui a permis à l'armée américaine d'aller non seulement venger les victimes des attentats du 11 septembre 2001, mais en plus pourchasser les membres d'Al-Qaîda et leurs protecteurs talibans. La situation n'est pas du tout la même en Irak, parce que bien avant d'arriver au pouvoir, les ministres qui composent le cabinet Bush nourrissaient l'idée d'envahir l'Irak, de chasser son président, de désigner un président fantoche, et par la même occasion de faire main basse sur ses richesses. Quel que soit le comportement de Saddam Hussein dans sa manière de diriger son pays, il ne reste redevable et comptable que devant son propre peuple. Si l'invasion du Koweït avait été condamné en son temps par l'ensemble de la communauté internationale, ce qui se passe aujourd'hui est d'un autre genre. On peut dire que le président du Parlement irakien a tout à fait raison lorsqu'il déclare: «Le peuple irakien, qui nous a donné cette responsabilité en nous élisant, se présente aujourd'hui d'un seul rang, d'une seule voix, d'une seule arme contre l'agression criminelle des Etats-Unis et de leurs alliés». Les parlementaires irakiens sont dans leur droit quand ils déclarent rejeter et dénoncer l'ultimatum de l'administration américaine qu'ils se tiennent tous ensemble derrière leur chef et qu'ils sont prêts à défendre leur terre.