Cela fait plus de vingt ans qu'Elena et Erina vivent en Algérie. Russie d'origine, elles ont épousé des Algériens. Et sont tombées amoureuses de l'Algérie. « Il y a évidemment des hauts et des bas, mais nous sommes toujours là », explique Erina. Un coup de foudre voilà 28 ans alors qu'elle était encore toute jeune fille en Russie, un départ pour l'Algérie au bras de son beau brun et la voilà aujourd'hui grand-mère. « Mes amis m'appellent Khira, car je me suis convertie à l'Islam et cela fait 27 ans que je fais le Ramadhan », continue-t-elle. Elena manie aussi bien l'arabe que le français ou évidemment le russe. « Nous sommes un petit groupe d'amies russes et nous sommes toutes bien installées. Je reconnais que je ne pourrais pas retourner m'installer en Russie aujourd'hui. Nous n'y avons parfois plus de famille et notre place est ici auprès des nôtres », reprend Elena. Et puis, « il y a le soleil et la mer », comme si tout l'amour qu'elle pouvait ressentir pour leur époux ou leur pays d'accueil pouvait se résumer à travers le bleu de la mer et la lumière du soleil. « Nos enfants sont également installés. Les miens sont à l'université et moi je travaille », explique Elena. Elena et Erina ont une amie, veuve depuis peu. « Elle est restée ici. » Pourtant, la vie n'a pas toujours été tendre avec elles. Erina se souvient. « J'étais menacée pendant les années noires de terrorisme. J'étais esthéticienne à Riadh El Feth. J'étais obligée de partir pendant une année en Russie. On m'avait directement menacée. A mon retour, les choses n'avaient pas changé. Mais vous savez, nous avons vécu le même drame que tout le reste de la population algérienne. Tout le monde était menacé », explique Erina. C'est en bonne intelligence qu'elle vivent au milieu de la population algérienne, elles fréquentent également des amies algéro-algériennes et s'inscrivent définitivement comme étant des russes musulmanes. Les relations algéro-russes : des tracas et de la joie. Une tranche de vie au fond des plus banales. « Nous avons conservé nos traditions russes et nos Ramadhans sont encore plus riches en mets que pour une famille algérienne classique », dit Erina. Certaines ne sont pas retournées en Russie depuis de nombreuses années. « Nous n'avons qu'un vol par semaine, le lundi. En hiver, c'est un vol toutes les deux semaines. Et depuis le temps, nous avons perdu nos parents », reprend Elena. C'est la Fête internationale de la femme, en ce 8 mars 2006. « Pleines de bonnes choses pour les femmes, mais l'essentiel étant la santé », souhaite Erina. Une explication pour résumer leur vie. « El maktoub », lâche Erina.