Les émigrés se font attendre cet été dans la commune de Bouzeguène qui compte pourtant une forte communauté installée à l'étranger. La saison estivale est caractérisée cette année à Bouzeguène par l'absence quasi-totale des émigrés qui, contre leur gré, semblent avoir décidé de bouder les vacances au village. Les émigrés de la région Nath Yedjar, grands amateurs de vacances d'été, font l'impasse sur le séjour estival pour éviter d'avoir à supporter, en plein jeûne du Ramadan, la chaleur écrasante qui sévit dans les zones montagneuses. Il devront ainsi se passer de ce qu'ils aiment le plus au bled, à savoir l'ambiance traditionnelle et familiale qu'ils retrouvent, chaque été, au sein de leurs proches restés au bled. La tradition bien établie selon laquelle les émigrés reviennent au pays pour le Ramadan a été remise en cause. Les rares personnes venues au début du mois de ce mois de juillet et après avoir vécu les fortes chaleurs qui ont atteint les 46 degrés, ont préféré rentrer aussitôt et retrouver des températures plus clémentes outre-mer. Quelques émigrés de première génération avaient avancé leurs vacances pour le mois de juin dernier et sont repartis aussitôt. «Je suis venu au mois de juin sans mes enfants qui étaient toujours en classe. Ma femme a suivi la décision des enfants qui ont refusé de venir en ce mois de juillet et supporter les grandes chaleurs», nous a expliqué un émigré d'Aït Zikki. D'autres, par contre, ont préféré décaler leurs vacances pour la mi-août, au moment où le Ramadan tire à sa fin, pour passer la fête de l'Aïd en famille. Cependant, ce qui est nouveau dans les rues de Bouzeguène, ce sont les couples mixtes, des Françaises et des binationales mariées avec de jeunes Kabyles qui ont tenu à visiter pour la première fois la région de leurs conjoints. Mebrouk, jadis chômeur de longue durée, avait excellé dans le collage des affiches des partis politiques lors des campagnes électorales. Il est aujourd'hui de retour au pays, pour des vacances estivales, avec une jeune française originaire du Nord-Pas-de-Calais. «Je me sens déjà Kabyle», a affirmé sans ambages la jeune française. «Je suis heureuse de me retrouver dans ce beau pays, nous a-t-elle déclaré. Nous avons assisté à quelques fêtes de mariage, c'est vraiment fabuleux. Nous comptons rester jusqu'à la fête de l'Aïd». Naguère, la région de Bouzeguène, à une soixantaine de kilomètres à l'est de Tizi-Ouzou, accueillait une affluence record d'émigrés qui retrouvent leurs villages dès le début du mois de juillet et prolongeaient leurs vacances avec leurs familles et leurs proches aussi longtemps que cela leur est possible. La survenue du mois du jeûne en pleine saison estivale, avec les contraintes que cela engendre, a chamboulé leur programme de vacances.